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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 08:38
Il existe des hommes et des femmes de qualité qui ont marqué l'histoire. Ils la font par conviction, parfois sans le savoir. A la Martinique, un homme s'est mis debout pour dire tout ce qu'il pensait de ce système, de cette vie sur une terre injustement apauvrie et exploitée. Cet homme, c'est  : AIME  CESAIRE. Martiniquais, poète dans l'âme, il a eu la lucidité de voir très tôt, qu'il y a d'autres hommes qui peuvent faire autrement pour changer cet état des choses. Quelque part donc, là-bas, dans une île, un homme funanbuliste, hurle,  vomit, gueule au monde, aboie et mord contre cette vie mystifiée et mortiféreé. 

" Ô hommage, à vous, Nègre Fondamental, Grand Homme de cette île de la Caraïbe ! "

Aimé Césaire est né  le 26 juin 1913, à Basse Pointe, à la Martinique. Il fait partie d'une famille de six enfants. Son père est un petit fonctionnaire (percepteur), tandis que sa mère tente de tenir une vie de famille pas toujours facile dans un cadre hostile de la misère de l'époque.

" Au bout du petit matin, au délà de mon père, de ma mère, la case gerçant d'ampoules, comme un pêcher tourmenté de la cloque, et le toit aminci, rapiécé de morceaux de bidon de pétrole, et ça fait des marais de rouillure dans la pâte grise sordide empuantie de la paille, et quand le vent siffle, ces disparates font bizarre le bruit,comme un crépitement de friture d'abord, puis comme un tison que l'on plonge dans l'eau avec la fumée des brindilles qui s'envole..."

De ces images, de ce décor paradisiaque des Antilles ensoleillées, la misère rôde. Présente.

"...et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable, pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par la chair molle de la nuit d'une machine "Singer" que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit."

Aimé Césaire, enfant, découvre tout cela, mais sait que, dans cette ville inerte, cette foule criarde si étonnament passée à côté de son cri, le seul qu'on eût voulu l'entendre crier parce qu'on le sent sien seul ; parce qu'on habiter en elle dans quelqûe refuge profond d'ombre et d'orgueil, dans cette ville inerte, cette foule à côté de son cri de faim, de misère, de révolte, de haine, cette foule si étrangement bavarde et muette. Il voit bien que cette foule-là ne s'entasse pas, ne se mêle pas. Il comprend alors, que...

"...à l'animalité subitement grave d'une paysane, urinant debout, les jambes écartées, roides ",

que quelque chose bouillonne comme le volcan de la Montagne Pelée à Saint-Pierre. La colère rentrée de la foule. Les Antilles étouffent et cherchent à se libérer. La première guerre les a surpris. Dans ces années trente, la Martinique récolte les effets de celle-ci. Et comme la première des libertés consiste à prendre d'abord conscience de sa condition d'existence et de chercher des moyens pour lutter contre cette emprise qui empêche de s'en sortir, lutter contre cette injustice de la vie de l'oppression, il ne reste plus que d'acquérir le Savoir. Les études permettent d'avoir des instruments efficaces avant d'entamer la lutte finale. 
Aimé Césaire commence alors des études. Il fait ses études primaires et secondaires dans une commune de Basse Pointe, puis à Fort-de-France, la ville-capitale de la Martinique. Ses dons intellectuels le font recevoir au concours des bourses et il est admis au lycée de Fort de France. Il entre en 1924 au lycée Schoelcher. Brillant élève, il obtient une bourse d'études qui lui permet de se rendre en Métropole, c'est à dire, en France, en Europe.
En 1931, à Paris, il s'inscrit au lycée Louis-le-Grand, en hypokhâgne. La vie parisienne le permet de côtoyer des jeunes étudiants de diverses origines. Des Blancs, des Métis, des Noirs, des Jaunes, bref, de toutes races. C'est ainsi qu'il rencontre des jeunes étudiants Africains, dont un certain Léopold Sédar Senghor. Il se lie d'amitié avec celui-ci. Aimé Césaire lit beaucoup, fréquente les bibliothèques, et découvre la vie intellectuelle des parisiens. 
Un jour, au hasard de ses lectures, il tombe sur une petite revue estudiantine intitulée "LEGITIME  DEFENSE", dont le premier numéro paraît en juin 1932. Ce qu'il y découvre dedans le frappe. Cette revue réunissait des étudiants martiniquais de la petite bourgeoisie, bien intégrée dans la société et la culture française, mais de gauche, des marxistes, liés aux idéaux du suréalisme. Les textes abordaient surtout des thèmes sur la spécificité antillaise. Les étudiants s'interrogeaient sur leur place dans cette société française. Autour du principal leader, Etienne Léro, il y avait des métis, René Ménil, Thélus Léro, Jules-Marcel Monnerot, Maurice-Sabas Quittman, Michel Pilotin, Auguste et  Simone Yoyotte, Auguste Thésée. La préface donne le ton :

"Ceci n'est qu'un avertissement... Cette petite revue, outil provisoire, s'il casse, nous saurons trouver d'autres instruments... Issus  de la bourgeoisie de couleur française, qui est une des choses les plus tristes du globe, nous déclarons, face à tous les cadavres administratifs, gouvernementaux, parlementaires, industriels, commerçants, etc..., que nous nous entendons, traitres à cette classe, aller aussi loin que possible dans la voie de la trahison. Nous crachons sur tout ce qu'ils aiment, vénèrent, sur tout ce dont ils tirent nourriture et joie. Et tous ceux qui adoptent la même attitude que nous, seront, d'où qu'ils viennent, les bienvenus parmi nous."

Evidemment avec un ton inhabituel pareil, la revue "Légitime défense", attire non pas seulement l'attention du jeune Aimé Césaire, mais aussi des tous les jeunes de la diaspora, y compris les intellectuels français de gauche, souvent des communistes. Alerté, le gouvernement français de l'époque ne pouvait qu'intervenir. D'abord, en interdisant cette revue, et ensuite, faire des pressions sur ces jeunes étudiants antillais, les privant des moyens d'existence (la plupart étaient des boursiers). Enfin, certains subiront des sorts aussi monstrueux que cruels. Un seul numéro paru et la censure a fait son effet. 
Mais le message est passé pour tous les jeunes Noirs de ce début des années trentes. Ce premier pas dans l'engagement militant va donner des idées et des initiatives. Les jeunes étudiants Antillais et Africains  vont poursuivre ce projet avorté, ce combat pour la réhabilitation de l'image de homme noir. 
C'est Aimé Césaire qui, le premier, va se lancer dans l'aventure. Il lâche un jour le mot "négritude". Avec ses amis Léopold-Sédar Senghor (Sénégalais), Léon-Gontran Damas (Guyanais), L. Sainville (Martiniquais), Birago Diop (sénégalais), Ousmane Socé (Sénégalais), ils fondent le 1èr septembre 1934, un nouveau journal "L'Etudiant Noir". Aimé Césaire en est le rédacteur en chef et responsable. Son premier texte paru en 1935, alors qu'il a à peine 22 ans, témoigne la perspicacité et dévoile déjà la grandeur culturelle de ce futur poète :

"Un jour, le Nègre s'empara de la cravate du Blanc, se saisit d'un chapeau melon, s'en affubla et partit en riant...  Ce n'était qu'un jeu, mais le Nègre se laissa prendre au jeu ; il s'habitua si bien à la cravate et au chapeau qu'il finit par croire qu'il les avait toujours portés : il se moqua de ceux qui n'en portaient point et renia son père qui a nom ' Esprit-de-Brousse '. 

Dans ce premier conte, on note que le jeune Aimé Césaire se distingue de ses camarades par ses écrits. Il a du talent. Le journal durera six années. Le guyanais Damas, qui faisait partie de l'équipe de ces jeunes étudiants métis et noirs de Paris de cette époque-là, témoignera : "L'Etudiant Noir, journal corporatif et de combat, avait pour objectif la fin de la tribalisation, du système clanique en vigueur au quartier latin ! On cessait d'être un étudiant martiniquais, guadeloupéen, guyanais, africain, malgache, pour n'être qu'un seul et même étudiant noir. Terminée la vie en vase clos !"  Le Mouvement de la négritude tendait à rattacher les Noirs de nationalité et de statut français, à leur histoire, leurs traditions et aux langues exprimant leur âme. Léopold-Sédar Senghor dira ceci : "Nos articles allaient tous dans ce sens. Naturellement Césaire menait la lutte, avant tout contre l'assimilation des Antilais. Pour moi je visais surtout à analyser et à exalter les valeurs traditionnelles de l'Afrique noire."
En 1935, Aimé Césaire est admis à l'Ecole Normale Supérieure, et prépare ses examens, tout en écrivant beaucoup sur la poésie. Abandonnant les influences littéraires françaises de ses écrivains préférés Malarmé, Arthur Rimbaud, Lautréamont, Paul Claudel, Guillaume Apollinaire, etc. C'est durant cette période que va naître l'écriture de son futur long poème monumental, le "Cahier d'un retour au pays natal", dont les extraits seront publiés dans la revue française "Volontés". 
Dès 1937, il épouse une jeune compatriote martiniquaise, Suzanne Roussi. Et deux ans plus tard, en 1939, son diplôme en poche, ils retournent dans son île de la Martinique. Alors même la guerre va être déclenchée dans toute l'Europe. Dans son pays, il va enseigner au lycée de Fort de France. Parmi ses élèves, il y aura un petit jeune homme du nom de Frantz Fanon.
Ne réniant point ses activités littéraires, il fonde en avril 1941, une revue culturelle "Tropiques", avec sa femme Suzanne Roussi (devenue Madame Suzanne Césaire), René Menil, Aristide Maugée, Georgette Anderson. Dans ce premier numéro, Césaire écrit la préface :

"Terre muette et stérile. C'est de la nôtre que je parle... Il n'est plus temps de parasiter le monde. C'est de le sauver plutôt qu'il s'agit. Il est temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme.(...) Pourtant nous sommes de ceux qui disent non à l'ombre. Nous savons que le salut du monde dépend de nous aussi. Que la terre a besoin de n'importe lesquels de ses fils. Les plus humbles. L'ombre gagne (...) Les hommes de bonne volonté feront au monde une nouvelle lumière. AIME CESAIRE."

C'est à travers cette revue "Tropiques" que le poète français André Breton, prisonnier de guerre (Camp de concentration du Lazaret, en rade de Fort de France), à la Martinique, libéré donc, à sa sortie, la découvre. Enthousiasmé, il rencontre Césaire, sa femme Suzanne,  René Ménil, et rédige un article-préface de ce long poème "Cahier d'un retour au pays natal", qui sera publié chez Bordas en 1945. (Reédité beaucoup plus tard aux Editions Présence Africaine, à Paris). Dans sa préface, André Breton écrit ceci : " Cahier du retour au pays natal est à cet égard un document unique, irremplaçable. Ce poème n'est rien moins que le plus grand monument lyrique de ce temps."
Dans la littérature négro-africaine, ce cahier restera l'oeuvre la plus accomplie, la plus connue de l'auteur Aimé Césaire, écrit alors qu'il n'avait pas vingt cinq ans ! Césaire avait déjà la culture, la lucidité, la vision et la maturité.

Dans les annes quarante, Aimé Césaire s'interesse et s'implique dans la refléxion politique. Puis, dans l'action. Les élections françaises s'approchent et la Martinique se prépare pour élire ses élus. Apparenté communiste, il pose sa candidature et il est élu comme membre du PCF (Parti communiste Français). Pour certains Antillais, la position de Césaire n'est pas claire. Les Martiniquais ont été étonnés de voir aimé Césaire révendiquer  la politique d'assimilation du gouvernement et de se battre pour la "départementalisation" des Antilles (Martinique, Guadeloupe, Guyane).  Il va même jusqu'à prononcer un discours mémorable dans ce sens, le 26 février 1946. Il rédige ensuite un rapport demandant le classement des vieilles colonies en départements français. Ainsi, les Antilles françaises, Maritnique, Guadeloupe, Guyane, participent au destin national depuis 1635. Pour l'homme politique français qu'il est devenu, la France doit prendre ses responsabilités en accordant tous les droits  aux Antillais et Guyanais et les mêmes avantages à ces vieilles terres d'outre-mer que la France semble s'y attacher tant. 
Devenu député-maire de Fort-de-France, Aimé Césaire va dominer la vie politique martiniquaise durant des nombreuses années. Et à chaque fois, il est réélu ! 
En désaccord profond avec le parti communiste français qu'il estimait ne pas s'occuper de la cause noire des Antilles, il démissionne en écrivant une "Lettre à Maurice Thorez", le patron du parti PCF de l'époque. Dans laquelle, il dénonce la démagogie et l'hypocrisie, voire même la doctrine. Il rompt totalement avec ce PCF.
Ensuite, il fonde son propre parti politique, le PPM (Parti Progressiste Martiniquais).  
En 1950, il écrit un essai surprenant pour un député antillais, "Discours sur le colonialisme". L'éditeur de droite lui avait demandé d'écrire un texte pour faire l'apologie de la colonissation française et ses bienfaits auprès des ' indigènes' de l'Outre-mer. Quel fut son étonnement, sa surprise, en lisant son manuscrit ! Mais le texte est fort, prenant, criarde de vérité historique. L'éditeur décide de le publier comme tel...
Ce discours d'Aimé Césaire est un acte d'accusation. Sont assignés quelques ténors de la civilisation blanche et de son idéologie mystifiante, son humanisme formel et froid. En pleine lumière sont exposées d'horibles réalités : la barbarie du colonisateur et le malheur du colonisé. Ce fut la première fois qu'était proclamé avec force face à cet Occident, la valeur des cultures nègres. Ce livre de  60 pages seulement aura pourtant un grand écho positif dans tous les milieux progressistes tant en France, aux Etats-Unis, partout dans le monde. Aimé Césaire qui prend ses distances par rapport au monde occidental et le juge. Les Editions Présence africaine vont le reéditer, au grand bonheur de la nouvelle génération.

Malgré ses activités politique, Aimé Césaire écrit des poèmes et pulbie (Les Armes miraculeuses ; Soleil cou coupé ; Ferrements), et des pièces de théâtre, (comme cette pièce, Et les chiens se taisaient...).
Il entreprend des tournées et fait des conférences. C'est au cours de son voyage en Haïti, en 1944, que le poète se radicalise. Il avait déjà écrit dans son cahier, cet  "Haïti où la négritude s'est mise debout pour la première fois".
Cette fois, il va en tirer des ouvrages. "Toussaint Louverture" est une étude historique sur Haïti. "La tragédie du roi Christophe" est une pièce de théâtre qui met en scène le mirage et la dictature dans un pays pauvre. " Une tempête" est aussi une pièce mais qui met en scène la complexisté existentielle des Noirs, et des Mûlatres.
Voulant exploré son univers tropical, Césaire se rend au Congo et en tire un livre de théâtre "Une saison au Congo", dans lequel il évoque l'assassinat de Patrice Lumumba et les ambition d'un petit sergent ou caporal Joseph Mokoutou ( en réalité, Joseph Mobutu, l'homme des Belges et de la CIA américaine). 

L'homme politique Aimé Césaire n'a pas que d'admirateurs. Ses détracteurs lui reprochent son ambiguité. A la Martinique, on se plaît à s'amuser sur le "cha cha cha" du député martiniquais: Un pas en avant, deux pas en arrière ! Dans son livre, "Les Antilles sans fard" (Ed.L'Harmattan), raconte qu'effrayé par l'eventualité du résultat d'un référendum en 1958, le général De Gaulle avait dépêché André Marlaux pour qu'après avoir dit "non" pour le réferendum, Césaire, le maire de Fort de France convainc sa population de voter "oui" à De Gaulle. Marlaux obtient le volte-face de Césaire et ce dernier entre dans la dérision en créole du danseur de cha cha cha. Un coup non, un coup oui !.  Marcel Manville, mon ami (disparu), Marcel Manville (compagnon de Frantz Fanon durant la geurre et en Algérie Française),me disait à leur époque, qu'au sien du PPM (Parti Progressiste Martiniquais, de Césaire), personne n'avait l'esprit de la contradiction contre lui, et pire, personne n'osait le critiquer. Aimé Césaire a fait pourtant des bonnes choses à Fort de France. Il suffit de se promener dans les quartiers Texaco, Trénelle, et autres. son infleuence reste grandissante au sein des Martiniquaises et Martiniquais. Il est le "père de la nation martiniquaise", me disait une ami, originaire de Basse Pointe et de Saint-Esprit. 
La jeune génération du courant littéraire de la créolisation, conteste leur père spirituel. Il lui reproche de trop parler de l'héritage africain, alors que les antilles c'est tout de même métissée. Dans une conférence auquelle j'ai assisté, j'en ai entendu des choses. "Nous sommes des créoles", clamait l'orateur.  Mais Aimé Césaire est un homme de l'universel. Si l'origine de l'homme commence en Afrique, où est le mal de se revendiquer de celle-ci ? 
Visionnaire, Césaire observe avec amusement ces jeunes loups contestataires. Raphaël Confiant est le plus virulent dans l'essai qui lui a consacré "Aimé Césaire, Une traversée paradoxale du siècle". Mais lui reconnait d'avoir rendu la dignité aux opprimés du système colonial. 
Césair le disait dès 1946 dans son recueil de poèmes, "Les armes miraculeuses". Dès le premier poème, il écrit :

"J'attends au bord du monde les voyageurs-qui-ne-viendront pas".

Et plus tard, en 1982, dans son livre de poésie "Moi, laminaire..." (Editions du Seuil), il répond à ses détracteurs :

"J'habite une blessure sacrée. J'habite des ancêtres imaginaires. J'habite un vouloir obscur. J'habite un long silence. J'habite une soif irrémédiable. J'habite un voyage de mille ans. J'habite une guerre de trois cents ans."

Et à ceux qui n'ont rien compris à sa démarche tant poétique que politque, il dit :

"Avec des bouts de ficelles, avec des rognures de bois, avec tout tous les morceaux bas, avec les coups bas, avec des feuilles mortes ramassées à la pelle... te bâtir."


Avec désinvolture, non dépourvu d'humour, Aimé Césaire poétise :

"Il y a des volcans qui se meurent. Il y a des volcans qui démeurent. Il y a des volcans ivres à la dérive. Il y a des volcans qui vivent en muetes et patrouillent. Il y a des volcans dont la guerre émerge de temps en temps, véritables chiens de la mer. Il y a des volcans qui se voilent la face, toujours dans les nuages(...).

Beaucoup vont se retrouver dans ces portraits au vitriol poétique. Le Nègre Fondamental Aimé Césaire a fait son voyage parmi nous, et s'aprête à partir vers d'autres horizons. Son oeuvre si immenses resteront nos nouritures spirituelles. On dit qu'il faut parfois écouter le vent. il siffle dans les oreilles. Certains entndent le vent, d'autres de la musique, des chansons d'eveils pour un combat qu'on a pas le droit de perdre. Le combat de la vie. Aux Antillês, il n'existe pas un monument national de sa trempe. C'est cela les vrais hommes qui éclairent dans la nuit. Les antillais françaises enfanteraient-elle un jour un poète aussi clairvoyant, aussi amoureux des Antillais ?
A l'aube de son grand âge (1913-2007), nous lui tirons notre chapeau et lui disons : Merci !
Nègre Fondamental, vous méritez ce grand Hommage.   

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 09:11
AP

"Représentants des gouvernements du monde, bonjour à tous. Tout d'abord, je voudrais très respectueusement inviter ceux qui n'ont pas lu ce livre à le lire.

Noam Chomsky, l'un des Américains et des intellectuels du monde les plus prestigieux, Noam Chomsky, et ceci est l'un de ces tout derniers ouvrages, 'Hegemony or Survival: The Imperialist Strategy of the United States.' [L'hégémonie ou la survie : La stratégie impérialiste des Etats-Unis] [Chavez brandit le livre et l'agite en face de l'Assemblée Générale.] C'est un excellent livre qui nous aide à comprendre ce qui s'est passé dans le monde au cours du 20ème siècle, sur ce qui se passe aujourd'hui et sur la plus grande menace qui plane sur notre planète.

Les prétentions hégémoniques de l'Empire Américain mettent en danger la survie-même de l'espèce humaine. Nous continuons de vous alerter sur ce danger et nous en appelons au peuple des Etats-Unis et au monde à faire cesser cette menace, qui est une épée de Damoclès. J'avais pensé, un moment, vous faire la lecture de ce livre, mais pour des raisons de temps, [il fait tourner les pages du livre, qui sont nombreuses] je me contenterai de vous le recommander.

Il se lit facilement, c'est un très bon livre, et je suis sûr, Madame la Présidente, que vous le connaissez. Il a été publié en anglais, en russe, en arabe et en allemand. Je pense que les premiers qui devraient le lire sont nos frères et nos sœurs des Etats-Unis, parce que la menace se trouve exactement dans leurs propres foyers.

Le diable s'est introduit chez eux. Le diable, le diable lui-même, est dans leur maison.

Et Hier, le diable est venu ici. Ici, le diable est entré. Juste ici. [Il fait le signe de croix] Et ça sent encore le soufre aujourd'hui. Hier, Mesdames et Messieurs, de cette tribune, le président des Etats-Unis, le monsieur que j'appelle le Diable, est venu ici parler comme s'il possédait le monde entier. Vraiment. Comme s'il était le propriétaire du monde.

Je pense que nous pourrions appeler un psychiatre pour analyser la déclaration que le président des Etats-Unis a faite hier. En tant que porte-parole de l'impérialisme, il est venu pour faire partager ses remèdes de charlatan afin d'essayer de préserver le modèle actuel de domination, d'exploitation et de pillage des peuples du monde.

Alfred Hitchcock aurait pu utiliser [cette déclaration] comme scénario pour un de ses films. Je peux même proposer un titre : "La Recette du Diable".

Comme Chomsky le dit [dans son livre] de façon claire et détaillée, l'empire américain fait tout ce qu'il peut pour consolider son système de domination. Et nous ne pouvons pas lui permettre de faire cela. Nous ne pouvons autoriser que la dictature mondiale se consolide.

La déclaration du dépositaire du monde — cynique, hypocrite, emplie de cette hypocrisie impérialiste provenant de leur besoin de tout contrôler.

Ils disent qu'ils veulent imposer un modèle démocratique. Mais c'est cela leur modèle démocratique ! C'est le modèle fallacieux des élites et, je dirais, une démocratie très originale qui s'impose par les armes, les bombes et l'artillerie.

Quelle étrange démocratie ! Aristote pourrait bien ne pas la reconnaître — ou les autres qui sont aux racines de la démocratie. Quelle sorte de démocratie imposez-vous avec les Marines et les bombes ?

Hier, le président des Etats-Unis nous a dit, ici-même, dans cette salle, et je cite : "Partout où vous regardez, vous entendez des extrémistes vous dire que vous pouvez échapper à la pauvreté et retrouver votre dignité par la violence, la terreur et le martyre". Partout où il regarde, il voit des extrémistes. Et vous, mes frères — il regarde la couleur de votre peau et il dit, oh ! il y a un extrémiste. Evo Morales, le valeureux président de Bolivie est, pour lui, un extrémiste.

Les impérialistes voient des extrémistes partout. Ce n'est pas que nous soyons des extrémistes. C'est que le monde se réveille. Il se réveille partout. Et les gens se lèvent.

J'ai le sentiment, cher dictateur du monde, que vous allez vivre le reste de votre vie comme un cauchemar, parce que le reste d'entre nous se lève, tous ceux qui se soulèvent contre l'impérialisme américain, qui réclament l'égalité, le respect, la souveraineté des nations.

Oui, vous pouvez nous appeler des extrémistes, mais nous sommes en train de nous soulever contre l'empire, contre ce modèle de domination.

Alors, le président a dit — et c'est lui qui l'a dit — : "Je suis venu parler directement aux populations du Moyen-Orient, pour leur dire que mon pays veut la paix".

C'est vrai. Si nous marchons dans les rues du Bronx, si nous nous promenons dans New York, Washington, San Diego, dans n'importe quelle ville, San Antonio, San Francisco et que nous demandons aux gens, aux citoyens des Etats-Unis, que veut ce pays ? Veut-il la paix ? Ils diront oui.

Mais ce gouvernement ne veut pas la paix. Le gouvernement des Etats-Unis ne veut pas la paix. Il veut exploiter son système d'exploitation, de pillage, d'hégémonie par la guerre.

Il veut la paix ? Mais que se passe-t-il en Irak ? Que se passe-t-il au Liban ? En Palestine ? Que se passe-t-il ? Que s'est-il passé ces 100 dernières années en Amérique Latine et dans le monde ? Et à présent il menace le Venezuela — de nouvelles menaces contre le Venezuela, contre l'Iran ?

Il a parlé au peuple libanais. Beaucoup d'entre vous, leur a-t-il dit, ont vu comment leurs maisons et leurs communautés ont été prises dans les tirs croisés. Comment peut-on être cynique à ce point ? Quelle capacité à mentir d'un air penaud ! Les bombes sur Beyrouth d'une précision millimétrée ?

Ce sont des feux croisés ? Il pense à un western, lorsque les gens dégainent de la hanche et tirent et que quelqu'un se trouve pris dans les feux croisés.

Ceci est impérialiste, fasciste, assassin, génocide. L'empire et Israël qui tirent sur les Palestiniens et les Libanais. C'est ce qu'il s'est passé. Et à présent, nous entendons "Nous souffrons parce que nous voyons nos maisons détruites".

Le président des Etats-Unis est venu parler aux peuples — aux peuples du monde. Il est venir leur parler — J'ai apporté quelques documents avec moi, parce que ce matin je lisais quelques déclarations — et je vois qu'il s'est adressé au peuple d'Afghanistan, au peuple du Liban, au peuple de l'Iran. Et il s'est adressé directement à ces peuples.

Et vous pouvez vous demander, alors que le président des Etats-Unis s'adresse à ces peuples du monde, ce que ces peuples du monde lui diraient si on leur donnait la parole ? Qu'auraient-ils à dire ?

Et je pense avoir une petite idée de ce que les peuples du Sud, les oppressés pensent. Ils diraient "Impérialiste yankee, rentre chez toi!" Je pense que c'est ce que ces peuples diraient si on leur donnait le micro et s'ils pouvaient parler d'une seule voix aux impérialistes américains.

Et voici pourquoi, Madame la Présidente, mes chers collègues, mes amis, l'année dernière nous sommes venus ici dans cette même salle, comme nous l'avons fait ces huit dernières années, et nous avons dit quelque chose qui s'est à présent confirmée — entièrement, entièrement confirmée.

Je ne pense pas que quiconque dans cette pièce pourrait défendre ce système. Voyons les choses en face ! Soyons honnêtes ! Le système de l'O.N.U., né après la Deuxième Guerre Mondiale, a fait faillite. Il est inutile.

Oh, oui ! Il est bon de nous réunir tous ensemble une fois par an, de nous rencontrer, de faire des déclarations et de préparer toutes sortes de longs documents et d'écouter de bons discours, comme celui que de (inaudible), hier, celui du Président Lula. Oui c'est bon pour cela. Et il y a beaucoup de discours et nous en avons entendu beaucoup, du président du Sri Lanka, par exemple, et de la Présidente du Chili.

Mais nous, l'assemblée, avons été transformés en un organe à peine délibérant. Nous n'avons aucun pouvoir, aucun pouvoir d'avoir le moindre impact sur la terrible situation mondiale. Et c'est pourquoi le Venezuela propose une nouvelle fois, ici, aujourd'hui, le 20 septembre [2006] que nous ré-établissions les Nations-Unies.

L'année dernière, Madame, nous avons fait quatre propositions modestes que nous ressentions comme étant d'une importance cruciale. Nous devons en assumer la responsabilité, nos chefs d'Etats, nos ambassadeurs, nos représentants, et nous devons en discuter.

La première est l'extension [du Conseil de Sécurité], et Lula en parlé hier ici-même. Le Conseil de Sécurité comporte à la fois une catégorie permanente et une catégorie non-permanente, (inaudible) les pays en développement et les pays sous-développés doivent accéder à des sièges de membres permanents. C'est la première étape.

Deuxièmement, des méthodes efficaces pour s'occuper et résoudre les conflits mondiaux, des décisions transparentes. Point trois, la suppression immédiate — et c'est une chose à laquelle tout le monde appelle — du mécanisme antidémocratique connu sous le nom de veto, le veto sur les décisions du Conseil de Sécurité.

Permettez-moi de vous donner un exemple récent. Le veto immoral des Etats-Unis qui a permis aux Israéliens, en toute impunité, de détruire le Liban. Exactement devant nous tous alors que nous étions debout à regarder, une résolution du conseil fut empêchée.

Quatrièmement, nous devons renforcer, comme nous l'avons toujours dit, le rôle et les pouvoirs du secrétaire général des Nations-Unies.

Hier, le secrétaire général nous a pratiquement livré son discours d'adieu. Et il a reconnu que pendant ces dix dernières années, les choses sont tout simplement devenues plus compliquées ; la faim, la pauvreté, la violence, les violations des droits de l'homme se sont aggravées. C'est la conséquence extrême de l'effondrement du système des Nations Unies et des prétentions hégémoniques des Etats-Unis.

Madame, le Venezuela, il y a quelques années, a décidé de livrer cette bataille au sein des Nations-Unies en reconnaissant l'ONU. En tant que membres, et nous prêtons nos voix, nos réflexions. Notre voix est une voix indépendante pour représenter la dignité et la recherche de la paix et ré-élaborer le système international ; pour dénoncer la persécution et l'agression par les forces hégémoniques de la planète.

Voici comment le Venezuela s'est présenté. La patrie de Bolivar a cherché à obtenir un siège permanent au Conseil de Sécurité. Voyons ! Bon, il y a eu une attaque en règle par le gouvernement étasunien, une attaque immorale, pour essayer d'empêcher le Venezuela d'être élu librement à un poste au Conseil de Sécurité.

L'imperium a peur de la vérité, il a peur des voix indépendantes. Il nous appelle extrémistes, mais ce sont eux les extrémistes. Et j'aimerais remercier tous les pays qui ont aimablement annoncé leur soutien au Venezuela, même si le scrutin est secret et qu'il n'est pas nécessaire d'annoncer ces choses.

Mais étant donné que l'imperium a attaqué, ouvertement, ils ont renforcé les convictions de nombreux pays. Et leur soutien nous renforce. Le Mercosur, en tant que bloc, a exprimé son soutien. Nos frères du Mercosur. Le Venezuela, avec le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay, est un membre à part entière du Mercosur.

Et de nombreux autres pays d'Amérique Latine, CARICOM et la Bolivie ont exprimé leur soutien au Venezuela. La Ligue Arabe, l'ensemble de la Ligue Arabe a exprimé son soutien, nos frères des Caraïbes, l'Union Africaine. Presque toute l'Afrique a exprimé son soutien pour le Venezuela et des pays comme la Russie et la Chine et beaucoup d'autres.

Je vous remercie chaleureusement de la part du Venezuela, de la part de notre peuple et de la part de la vérité, parce que le Venezuela, avec un siège au Conseil de Sécurité, n'exprimera pas seulement la pensée du Venezuela, mais il sera aussi la voix de tous les peuples du monde et nous défendrons la dignité et la vérité.

Au-delà et au-dessus de tout cela, Madame la Présidente, je pense que nous avons des raisons d'être optimistes. Un poète aurait dit "désespérément optimistes", parce qu'au-dessus et au-delà des guerres et des bombes et de la guerre agressive et préventive et la destruction de peuples entiers, on peut voir qu'une nouvelle ère se dessine.

Ainsi que Silvio Rodriguez le dit, cette ère donne naissance à un cœur. Il y a des moyens alternatifs de penser. Il y a des jeunes gens qui pensent différemment. Et ceci s'est déjà vu en l'espace d'une simple décennie. Il a été démontré que la fin de l'histoire était une affirmation totalement fausse et la même chose a été démontrée à propos de la Pax Americana et de l'établissement du monde capitaliste néolibéral. Il a été démontré que ce système engendre la pauvreté. Qui le croit maintenant ?

Ce que nous avons à faire maintenant est de définir le futur du monde. L'aube se lève partout. Vous pouvez vous en rendre compte en Afrique et en Europe et en Amérique Latine et en Océanie. Je veux insister sur cette vision optimiste.

Nous devons nous renforcer, notre volonté de livrer bataille, notre conscience. Nous devons construire un monde nouveau et meilleur. Le Venezuela se joint à cette lutte et c'est pourquoi nous sommes menacés. Les Etats-Unis ont déjà planifié, financé et mis en place un coup d'Etat au Venezuela et ils continuent de soutenir les tentatives de coup d'Etat au Venezuela et ailleurs.

La Président Michelle Bachelet nous a rappelé, il y a juste un instant, l'assassinat horrible de l'ancien ministre des Affaires Etrangères, Orlando Letelier.

Et je voudrais ajouter une chose : Ceux qui ont perpétré ce crime sont libres. Et cet autre événement où un citoyen américain est mort, tué par les Américains eux-mêmes. Ils étaient des tueurs de la CIA, des terroristes.

Et nous devons rappeler dans cette pièce que dans exactement trois jours il y aura un autre anniversaire. Trente ans auront passé depuis cette attaque terroriste horrible contre l'avion cubain de la ligne Cubana de Aviacion, où 73 innocents ont trouvé la mort.

Et où se trouve le plus grand terroriste de ce continent qui a pris la responsabilité de faire sauter cet avion ? Il a passé quelques années en prison au Venezuela. Mais grâce à la CIA et aux responsables du gouvernement [vénézuélien] de l'époque, il fut autorisé à s'échapper et il vit dans ce pays, protégé par le gouvernement [des Etats-Unis].

Mais il a été condamné. Il avait avoué son crime. Mais les normes du gouvernement étasunien sont à géométrie variable. Il protège les terroristes lorsqu'il le veut.

Et ceci, pour dire que le Venezuela est entièrement engagé à combattre le terrorisme et la violence. Et nous sommes l'un des peuples qui combattent pour la paix.

Luis Posada Carriles est le nom de ce terroriste qui est protégé ici. Et d'autres personnes extrêmement corrompues qui se sont échappées du Venezuela vivent aussi ici sous protection : un groupe qui a posé des bombes dans diverses ambassades, qui a assassiné des gens pendant le coup d'Etat. Ils m'ont kidnappé et ils allaient me tuer, mais je pense que Dieu est descendu et notre peuple est sorti dans les rues et l'armée y était aussi et ainsi je suis ici devant vous, aujourd'hui.

Mais ces personnes qui ont dirigé ce coup d'Etat sont ici, aujourd'hui, dans ce pays, protégés par le gouvernement américain. Et j'accuse le gouvernement américain de protéger ces terroristes et d'avoir un discours complètement cynique.

Nous avons mentionné Cuba. Oui, nous y étions, il y a encore quelques jours. Nous sommes revenus de là-bas très heureux. Et là-bas, vous voyez qu'une nouvelle ère est née. Le Sommet des 15, le Sommet des non-alignés, ont adopté une résolution historique. Ceci est le document qui en a résulté. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous le lire.

Mais vous avez toute une série de résolutions ici qui ont été adoptées d'une façon transparente après un débat ouvert — par plus de 50 chefs d'Etats. Pendant quelques semaines, La Havane était la capitale du Sud et nous avons donné, une fois encore, un nouvel élan au groupe des non-alignés.

Et s'il y a quelque chose que j'aimerais vous demander à tous ici, mes compagnons, mes frères et mes sœurs, c'est de bien vouloir prêter votre bonne volonté pour permettre un nouvel élan au Mouvement des Non-Alignés afin de donner naissance à une nouvelle ère, pour empêcher l'hégémonie et empêcher de nouvelles avancées de l'impérialisme.

Et comme vous le savez, Fidel Castro est le président des non-alignés pour les trois prochaines années et nous pouvons lui faire confiance pour qu'il dirige cette charge efficacement. Malheureusement, ils ont pensé "Oh ! Fidel est en train de mourir." Mais ils vont être déçus parce qu'il n'est pas mort. Et non seulement il est en vie, il est de retour dans son uniforme vert et il préside désormais les non-alignés.

Donc, mes chers collègues, Madame la Présidente, un nouveau mouvement, fort, est né, un mouvement du Sud. Nous sommes des hommes et des femmes du Sud. Avec ce document, avec ces idées, avec ces critiques. Je referme à présent mon dossier. Je prends le livre avec moi. Et, n'oubliez pas, je le recommande très fortement et très humblement à vous tous.

Nous voulons des idées pour sauver notre planète, pour sauver la planète de la menace impérialiste. Et espérons que dans ce siècle-même, dans pas trop longtemps, nous verrons cette, nous verrons cette nouvelle ère. Et pour nos enfants et nos petits-enfants, un monde de paix basé sur les principes fondamentaux des Nations-Unies, mais de Nations-Unies rénovées.

Et peut-être devrons-nous déménager leur siège. Peut-être devons nous le mettre ailleurs ; peut-être dans une ville du Sud. Nous avons proposé le Venezuela.

Vous savez que mon médecin personnel a dû rester dans l'avion. Le chef de la sécurité a dû rester enfermé dans un avion verrouillé. Aucuns de ces deux messieurs n'ont été autorisés à venir assister à la réunion de l'Onu. Ceci est un autre abus et un autre abus de pouvoir de la part du Diable. Cela sent le soufre ici, mais Dieu est avec nous et je vous embrasse tous.

Que Dieu nous bénisse tous ! Bonne journée à vous.

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 07:43

At the end the dawn...

Go away, Isaid, with your mug of copper, your mug of a pig, go away. I hate the flunkeys of order and the beetles of hope. Go away, you evil chaem, little punk of a monk. Then I turned towards heavens lost to him and his own kind, heavens more calm than the faceof a woman who lies, and there, lulled by the effluvia of a woman who lies, and there, lulled by the effluvia of endless thoughts, I fed the wind, I untied the monsters and I heard rise from the other bank of disaster, a river of turtle-doves and the clovers of the savanna I still carry deep inside of me at inverse depth of the twentieth floor of the most insolent houses and as guard against the putrefying power of ambient twilights, surveyed day and night by a cursed poxy sun.

Retourn to my Native Land.

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 07:03
A partir de ce lundi, je consacre toute la semaine aux Antilles, plus largement, dans toute la Caraïbe. Parce que cette région n'est pas que belle, n'est pas qu'ensoleillé, n'est pas musicales, n'est pas que l'endroit où les femmes sont les plus belles que nulle part au monde, là où faire l'amour est plus qu'un art, un savant dosage cullinaire, avec la saveur épicée des corps en sueur, l'odeur suave des délices papillaires salées, là ou le rhum est plus qu'aphrodisiaque mais plutôt médicinal, là où le panorama de la mer habite les caraïbéens, mais aussi, dans ces îles des Antilles, dans ces pays de la Caraïbe, dans ces "poussières d'îles", comme le disait le général De Gaulle, vivent des hommes et des femmes que l'histoire européenne a voulu les faire venir, mélanger, métisser, malgré leurs diverses origines, diverses régions. Pour l'avoir bien connues, ces terres sont véritablement belles. Je suis même devenu poète en découvrant les Antilles. Ma terre préférée. J'y ai connu des femmes et des hommes extraordinaires et intéressants. A  la Martinique, j'ai découvert Aimé Césaire, Frantz Fanon. En Guadeloupe, j'ai lu Maryse Condé, Simone Schwartz-Bart, Ernest Pépin. Et puis, J'ai compris le monde et l'Europe en y vivant. Je ne pense pas exister des terres aussi belles, poétiques, attachantes. Là-bas, sont nés des Grands hommes de la littérature. Haïti reste mon île préférée malgré sa misère poétique. Pour évoquer un peu mon parcours, c'est en lisant les auteurs haïtiens que j'ai aimé l'Afrique. C'est en découvrant les Martiniquais et les Guadeloupéens que j'ai compris à quel point la vie est drôle. Un poète (qui n'a jamais écrit des poèmes), est plutôt un conteur-romancier. Jacques Stephen Alexis :

"J'ai toujours eu les pieds poudrés. Poudrés de rosée fraîches, poudrés des sentiers, poudrés par la farine des pluies, poudrés par les soleils de midi, poudrés des pollens de la rose des vents, poudrés par le perlimpinpin des soirs, poudrés par le sable des étoiles, mes pieds marchent sans cesse dans le chemin de la vie. Un matin au nombril à peine nubile, je trottais allégrement, sans souci, le nez en trompette, les oreilles en point d'interrogation, la bouche heureuse, les yeux presque fermés. Mes pieds poudreux m'amenèrent ce jour-là au sommet d'une haute montagne, pour sûr la plus haute montagne d'Haïti, cette infatigable montagneuse. Je vis une grotte devant moi. Fouille-au-pot comme je suis j'y pénétrai aussitôt."

' Romanceros aux étoiles ', collection L'Imaginaire, Editions Gallimard, Paris, reédition janvier 1988.
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23 juin 2007 6 23 /06 /juin /2007 17:18

En 1910 donc, l'Angleterre, (ou la Grande Bretagne), créa l'Union Sud-Africaine. Il a fallu une longue lutte des Noirs pour qu'enfin, le pays se libère et devienne... l'AFRIQUE  DU  SUD. 
Ce aui nous amène à considérer l'histoire de ce pays. Comme on l'a vu, dès 1652, les Hollandais fondent Le Cap, escale de la Compagnie des Indes orientales et en 1685, les colons Boers sont rejoints par les Huguenots français, après la révocation  de l'édit de Nantes. L'esclavage se développe. Les Hotentots (Noirs Sud-africains) sont décimés par la variole apportée par les Européens. Et, les Bochimans (autres Noirs Sud-Africains) sont extérminés par les Colons. En 1814, au traité de Paris, la colonie hollandaise du Cap passe sous administration britanique. L'abolition de l'esclavage de 1833 mécontente les Boers migrent vers l'est et le nord (Grand Trek). Ceux-ci sont évincés du Natal par les Britaniques en 1834, et établissent leurs deux républiques. Transvaal et Orange, qui consolident leur indépendance après un premier conflit avec la Grande Bretagne (1877-1881). Les Xhosa s'opposent à la pénétration européenne (neuf guerres ' cafres ', (1779 - 1877) tandis que les Zoulous affrontent les Boers (bataille de Blood-river, 1838) et les Britaniques, à Isandhlwana (1879).
En 1884, c'est la découverte d'or au Transvaal qui suscite un afflux d'étrangers, surtout les Anglais, et Cecil Rhodes, Premier ministre du Cap, tente en vain de s'en emparer. (Raid Jameson, 1895-1896).
La guerre des Boers s'achève (1899-1902) par la victoire difficile des Britaniques sur le Transvaal et l'Orange, qui sont annexés. L'Union sud-africaine sera créée en 1910, avec des Etats du Cap, Natal, Orange et Transvaal. L'Union sud-africaine sera membre du Commonwealth. Les premiers lois de ségrégation raciale (apartheid) affectent les métis, les indiens et surtout les Noirs, très majoritaires, mais pratiquement exclus de la conduite des affaires, dès 1913. Sept ans plus tard, l'ancienne colonie allemande du "Sud-Ouest Africain" est confiée à l'Union sud-africaine par la Société des Nations, puis par l'ONU.  En 1948, le gouvernement du Docteur Malan (Parti national, afrikaaner) durcit les lois d'apartheid (interdiction des mariages mixtes, ségrégation résidentielle, etc...).
A partir de 1959, le gouvernement de H.F.Verwoerd amorce la politique des "bantoustans".

A l'issue d'un réferendum de 1961, l'Union sud-africaine se transfome en république indépendante, puis se retire du Commonwealt. Après 1966, B.J.Voster et Peter Botha poursuivent la politique d'apartheid, au prix d'un isolement grandissant du pays. Un événement va attirer l'attention et indigner le monde entier : en 1976, graves émeutes à soweto. Les jeunes étudiants noirs contestent la politique qui consiste à imposer l'afrikkaans à l'école au détriment de l'anglais. L'armée et la police tirent sur les jeunes enfants qui manifestaient pacifiquement. Il y aura un massacre cruelle. Des morts. Soweto est à feu et à sang. 
1985 et 1986, les émeutes antiapartheid font de nouveau de nombreuses victimes. L'instauration de l'etat d'urgence et la violence de la répression sont condamnées par plusieurs pays occidentaux qui prennent des sanctions économiques contre l'Afrique du Sud. Après unew aventure militaire en Angola, en 1988, l'Afrique du Sud vaincue, signe un accord de cessez-le-feu avec l'Angola et le Cuba, qui entraîne aussi un cessez-le-feu avec la Namibie. En 1989, Frederik De Klerk succède à P.Botha. Le pays s'achemine vers une démocratie multiraciale dès 1990. Frederik De Klerk met en oeuvre une politique d'ouverture vers la majorité noire (légalisation des organisations antiapartheid, libération de Neslson Mandela, négociations avec l'ANC, abolition de la ségrégation raciale dans les lieux publics). L'état d'urgence est levé. La Namibie accède à l'indépendance.

Dès 1991, les trois dernières lois régissant l'apartheid sont abolies. Deux ans plus tard, au terme de négociations difficiles, engagées en 1990, une Constitution intérimaire est adoptée en novembre, sous l'impulsion de F.De Klerk et de Nelson Mandela, et malgré l'opposition des extrêmistes noirs et blancs.  Les premières élections multiraciales en avril 1994, sont largement remportées par l'ANC. Nelson Mandela est élu à la tête de l'Etat. Un gouvernement d'unité nationale est formé. L'Afrique du Sud retrouve sa place dans le concert des Nations. En 1996, une nouvelle Constitution est adoptée. F.De Klerk et le parti natinal quittent le gouvernement. Deux ans plus tard, après une nouvelle et très nette victoire de l'ANC, aux élections, Thabo Mbeki succède, en 1999, à Nelson Mandela  à la présidence de la République.

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23 juin 2007 6 23 /06 /juin /2007 15:19
Pour beaucoup, l'Afrique du Sud, c'est Nelson Mandela, l'apartheid, un pays lointain. Pour nous, l'Afrique du Sud, c'est l'avenir. L'avenir d'une nouvelle afrique du XXIè siècle. Une renaissance africaine. Un poids lourd économique.
L'Afrique du Sud est un pays de l'Afrique australe. Ses voisins sont la Namibie, le Botswana, le Zimbabwé, le Mozambique, sans oublier le Lesotho et le Swatziland. Sa superficie est de 1.221.000 km2, et une population avoisinnant les 43.792.000 habitants. Prétoria est sa capitale. Les villes principales sont  : Le Cap (siège du Parlement), Durban (Port et aéroport important), Johannesbourg, Soweto, Krugersdorp, Boksbury, Roodepoort, Klerksdorp, Port Elisabeth, East-London, Khayelisha, Alexandra, Bosthabelo, Kimberly, Kwamashu, etc.
Les quelques plus grandes provinces sont :  Le Cap, l'Etat libre d'Orange et  le Transvaal. En 1994, le pays est subdivisé en neuf provinces: Le Cap-Occidental, le Cap-Nord, le Cap-Est, le Kwazulu-Natal, l'Etat libre Orange, le Gauteng, la Province du Nord, Mpumalanga, Nord-Ouest.
Les richesses du sous-sol constitue l'atout essentiel. Le pays compte parmi les grands producteurs mondiaux d'or et de diamants, de chrome, de titane, de manganèse, de charbon et d'uranium. L'industrie de transformation est surtout localisée autour de Johannesbourg, la plus grande agglomération, et dans les ports de Durban, notamment. La disparition de l'apartheid plus tard, n'a pas entraîné l'uniformisation des genre et des niveaux de vie, le recul de l'important sous-emploi ou la disparition de l'analphabétisme dans la population noire, alors qu'une partie de la minorité blanche, inquiète, émigre. 

Pays multiracial, l'Afrique du Sud se compose de plusieurs groupes ethniques : les Zoulous, qui représentent 22,9% de la population, Xhosa (16,5), Sotho du Nord (9,4%), Sotho du Sud (7,7%), Afrikaans (6,7%), Tswana (6,5%), Tsanga (4,4%), Portugais (3,4%), Anglais (3,4%), Swati (2,5%), Tamoul (2,3%), Venda (2,2%), Ndébélé (1,4%) et tant d'autres.
La langue officielle est l'anglais et l'afrikaans. Mais aussi, le xhosa, le zoulou, le sotho, le pedi, le ndébélé, le swazi, le tsonga, le tsuana et le venda. 
La population noire est majoritaire avec 75,2%, suivi de 13,6% de Blancs, 8,6% de Métis et 2,6% d'Asiatiques.
La coexistence entre ces différents groupes a toujours été une source de conflits.

 La société sud-africaine a été profondément  marquée par la politique de séparation entre les races (Apartheid).  Entrée en vigueur dès 1911, cette loi privilégiait les Blancs : "Mines and work Act". La loi reservait les emplois spécialisés aux Blancs. Les injustices ne s'arrêtaient pas là. Les Noirs ont dû vivre seulement sur 7% du territoire. Ils vivaient dans des "Bantoustans", et dans les "Townships", les ghettos noirs urbains des grandes villes sud-africaines.
Les Blancs continuent encore d'habiter les régions riches et à proximité des grands centres d'affaires et n'ont pas perdu leurs privilèges, ni leurs richesses. 

Les Blancs Européens pensent que l'histoire de l'Afrique, et pour ce cas, de l'Afrique du Sud, a commencé avec leur arrivée, c'est-à-dire, pour ce pays, dès le XVIIè siècle, qui date aussi le début de la colonisation de l'Afrique du Sud. Or, les Noirs vivaient là déjà, en Afrique du Sud, il y a des millions d'années (environ 3,6 millions), de ce fait, à plus de 1500 ans avant notre ère. 
C'est encore un Portugais, Bartolomeu Dias, qui débarqua en premier sur cette terre lointaine de l'Afrique australe
en 1488, et plus tard, par Vasco de Gama. Mais, ils ne faisaient que passer et non pas pensaient coloniser le pays. Ce sont donc d'autres européens, le Hollandais, qui, en avril 1652, avec leur Compagnie hollandaise des Indes orientales, s'installèrent avec leur comptoir commercial au Cap.  Plus tard, presque tous les pays d'Europe (Angleterre, Hollande, Allemagne, Portugal, Italie, Grèce, Belgique, etc), se ruèrent vers ces terres tellement riches, tellement vierges, habitées par les Noirs d'Afrique. L'Afrique du Sud sera l'un des premiers pays d'immigration massive des Européens. Au XVIIIè siècles, ce sont les Anglais qui vont effectivement pratiquer la politique de la colonisation. Par la suite, d'imposer la langue anglaise sur l'ensemble de l'Afrique du Sud.
Et les Noirs, diriez-vous ? Hélas, ils ne comptaient pas pour tous ces aventuriers Blancs européens en quête d'un eldorado pour s'enrichir facilement. Les Noirs ? Mais on leur laissait quelques bouts de terres pour continuer leur folklore.  Les terres riches en minerais seront appropriées par des Blancs européens pour les mettre en valeur.
Les Anglais, dominateurs, conquérants, accorderont quelques concessions aux autres Blancs européens, et leur permirent l'usage de l'afrikaans (langue parlée par les Boers hollandais). En 1910, l'Angleterre (ou la Grande Bretagne)...
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21 juin 2007 4 21 /06 /juin /2007 17:45
L'idée du panafricanisme fut l'élément fédérateur et à la base de la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA). L'Afrique que l'on disait mal partie pouvait encore espérer après les indépendances des années soixantes. C'est dans les pays africains anglophones que le courant panafricaniste fut la plus manifeste avec les leaders charismatiques tels que Kwameh N'Krumah, Jomo Kenyatta, Julius Nyeréré, Gamal Abdel Nasser, Haïlé Sélassié, pour ne citer que ceux-là (sans oublier aussi les autres), qui furent à l'origine de la création de cette Organisation de l'Unité Africaine, en 1963, à Addis-Abéba, en Ethiopie. L'OUA fut une institution-mirage qui avait permis de rêver de rapprocher ces pseudos-Etats, hérités du colonialisme. Très vite, on s'est rendu compte de ses limites. Cette Afrique-là avait besoin d'un nouveau souffle face aux défis. Il fallait rénover cet idéal du panafricanisme. Repenser une autre manière de créer cette unité africaine. Dans son livre, "L'Afrique doit s'unir", le leader ghanéen Kwameh N'Krumah écrit : "Les organisations doivent former des agents du progrès ; rechercher parmi les jeunes, les plus capables, pour les former selon leur goût particulier (technique, scientifique ou politique) ; établir un fonds scolaire pour aider et encourager les étudiants à poursuivre leurs études aussi bien sur place qu'à l'étranger. " Et plus loin, il poursuit : "Le développement futur des peuples d'Afrique occidentale, comme de tout autre peuple colonisé, ne peut être réalisé que dans des conditions d'indépendance politique, de nature à assurer à assurer une grande liberté pour l'élaboration et la mise en exécution de plans économiques et les législations sociales, impératif de tout pays vraiment civilisé ; cela emporterait indiscutablement l'approbation et le soutien des peuples qui y trouveront eux-mêmes leurs intérêts réels. Ces conditions ne peuvent pas exister sous des gouvernements étrangers et le pays ne peut assurément pas prospérer sous le colonialisme et l'impérialisme". Fin de citation.

Quelques objectifs ont été atteints. La libération d'une partie du continent du joug colonial, l'action normative qu'elle a concrétisée par l'adoption de chartes et de textes fondamentaux significatifs tels que la charte culturelle africaine, le plan d'action de Lagos, la charte africaine des droits de l'homme et des peuples, la création des agences spécialisées et des bureaux régionaux, dont la plupart jouent un rôle important en Afrique, sans oublier les succès relatifs qu'elle a obtenus dans le règlement de certains conflits.
Mais cette Organisation de l'Unité Africaine-là n'a pas échappée à certaines carences sur son fonctionnement. Très profondes divergences, par soucis d'intérêts égoïstes des responsables politiques.

En 2001, les pays africains ont choisis de tourner le dos à cette OUA  qui devenait au fil des années une simple machine bureaucratique sclérosée, là où rien ne se passait. La création de la nouvelle "UNION AFRICAINE" (UA), en juillet 2003, à Lusaka, en Zambie, allait-elle modifier l'institution  et son fonctionnement  ? Les 53 pays-membres le pensent. Ils pensent que l'UA pourra donner des réponses à la hauteur des enjeux et défis de cette  Afrique nouvelle. 
Le Malien Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l'Unité africaine, élu en 2003, pense que cette nouvelle machine-là est encore lourde à faire fonctionner : "Il faut reformer les institutions actuelles, martèle-t-il. Désunie, l'Afrique n'a aucun pouvoir de négociation. Que pèsent le Nigéria, l'Algérie ou l'Afrique du Sud face au Brésil, à l'Inde ou l'Europe ? Nos partenaires naturels sont des pays-continents. Nous, nous devons accomplir le chemin inverse. Nous sommes un continent qui doit devenir un pays. Nous avons échoué à le faire  ' par le haut '. J'ai maintenant la conviction que c'est par le bas que nous pouvons inverser la tendance : en sensibilisant les citoyens africains, en favorisant une appropriation populaire de l'idée panafricaine, en faisant émerger une opinion publique africaine, qui fasse pression sur ses dirigeants. C'est à cela que je veux désormais consacrer mon énergie. "
Il faut donc continuer à espérer cette Unité Africaine. Des avancées ont été faites. Les présidents Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Olusegun Obasanjo (Nigéria), Abdulaye Wade (Sénégal) et Abdelaziz Bouteflika (Algérie), ont lancé en 2000, l'idée du Nouveau Partenariat pour le Développement (NEPAD), et l'on parle de la mise en place d'une banque centrale, d'une banque d'investissement, d'un Fonds monétaire africain, et pourquoi pas laq mise en place d'une monnaie unique. 
Les idées et les ambitions, comme on le voit, ne manquent pas en Afrique. Ce qu'il faut c'est la volonté politique de nos responsables pour les mettre en pratique. Même si cela ne suffit pas. 
Ce qui se passe au Darfour (Soudan) est révélateur. La création du Département Paix et Sécurité fut une bonne chose. Il fallait donner les moyens financiers et matériels à cette force africaine. L'UA devrait se dôter d'une défense indépendante et forte, afin d'intervenir pour éteindre les conflits partout sur le continent. On ne peut pas parler de l'Afrique si elle n'est pas capable de se défendre elle-même. On a vu  que certains conflits en Afrique sont souvent alimentés par les mêmes qui se précipitent par la suite cyniquement pour les éteindre ! Des pompiers-pyromanes en quelque sorte. 
Une Afrique incapable de se défendre ne vaut rien. Il faudra bien entendu un grand secteur de la défense qui prendra l'ensemble du continent comme espace géostratégique unique à protéger. Il faudrait aussi élaborer une doctrine stratégique à partir de la définition correcte des ennemis potentiels des peuples africains, et tracer des grandes lignes d'une politque africaine de l'armement, dont le succès donnera aux forces africaines une indépendance à l'égard des puisances exportatrices d'armements. L'Afrique doit savoir prévenir les conflit et surtout se montrer capable de se défendre, de défendre les intérêts des pays membres de l'UA.

Lorsque l'on dit que l'Union Africaine manque de moyens financiers, et que les Etats membres restent encore réticents à déléguer leur souveraineté, on se demande alors si certains d'entre eux  pourtant membres de cette institution manquent de modestie, en voyant les comportements de leurs chefs d'Etat, avec leur train de vie démésuré. On voit certains d'entre eux étaler leurs richesses au vu et au su de leurs peuples pourtant très pauvres. Ce manque de respect, ce manque d'égard face à cette misère qui saute pourtant aux yeux, démontre combien ils méprisent leurs sujets et qu'eux-mêmes sont méprisants. Pour argumenter ce que nous avançons, il suffit de prendre le cas des côtisations des pays-membres de cette UA. Partir vers des paradis fiscaux pour planquer des magôts volés dans les caisses de l'Etat signifie que certains d'entre eux ne méritent pas ce poste. Comment leur qualifier s'ils sont même incapables de renflouer les caisses de l'Organisation qui fait tout pour sortir l'Afrique de la misère ? Les caisses de l'UA sont parfois vides ou insuffisantes pour faire tourner l'organisation.  Pour fonctionner l'UA a besoin d'argent. De beaucoup d'argent. Le budget annuel affiche près de 120 milliards dollars par an. Or l'UA se contente de quelques 70 millions de dollars seulement pour un grand continent. C'est trop peu ! Beaucoup de pays africains ne côtisent pas, ou peu, voire, ne sont pas à jour, et continuent de traîner des arriérés. Dans ces conditions, comment résoudre certains problèmes qui se présentent en Afrique ?
L'UA est un instrument important. Combien de ceux-là le savent ? Pourquoi continuer à élire des irresponsables ?
L'année 2007 a vu plusieurs pays d'Afrique voter pour les législatives ou les présidentielles. Quinze pays au total, qui vont élire leurs députés. Le Sénégal, la Mauritanie, le Nigéria, le Mali, la Sierra Leone, la Côte d'Ivoire, le Kenya et les Comores, tous voteront leurs présidents. Est-ce que cela va-t-il changer quelque chose pour les Africains ?
L'Union Africaine a soumis aux chefs d'Etat qui se sont réunis au mois de janvier à Addis Abéba, en Ethiopie, une ' charte ' sur la démocratie, les élections et la bonne gouvernance, les obligeant à bannir toute manipulation constitutionnelle pour rester (perpétuellement)  au pouvoir et d'accepter de mettre sur pied des organismes indépendants chargés de l'organisation des élections, puis à créer des mécanismes dotés de pouvoirs juridiques appelés à régler les conflits postélectoraux. On ne peut pas dire que la prise de conscience n'est pas là et que rien ne fait pour que ça change. Mais cette bonne volonté sera-t-elle entendue ? 
Au Nigéria, l'opposition a contesté les résultats. Comme au Sénégal aussi. Par contre, au Mali, et en Mauritanie, les contestations n'ont pas été manifestes. On attendra les résultats des élections du 28 juillet en Sierra Leone, et en décembre au Kenya.

Si les pays africains veulent qu'on les prennent au sérieux, il faudrait éviter d'organiser parfois des élections-bidons, les bourrages des urnes, corrompre des électeurs, moyenner les candidatures, bref cesser de faire des élections truquées. Les Africains d'aujourd'hui au XXIè siècle ne sont plus comme ceux du XXè siècle. A l'ère des internet et des télévisions numériques sattelitaires, de la  banalisation des informations, il faut que les responsables politiques africains cessent de considérér des gens comme des imbeciles ou des ignorants. Les jeunes Africains d'hier ne ressemblent en rien à ceux d'aujourd'hui. L'Afrique bouge et se débat. A l'heure où les jeunes d'Afrique ont soif des vraies informations et non des propagandes qu'on leur récite à longueur des journées à la radio, à la télévision d'Etat  et dans des journaux sous contrôles et censurés. Les Africains ont besoin des hommes politiques valables, responsables et intègres. L'époque de l'Afrique sous-tutelle doit cesser. L'Afrique néocolonisée, cette époque-là est révolue. Certes, l'Afrique souffre encore de son mal-développement, de son retard, et surtout de l'héritage du poids de l'histoire coloniale et de la traite négrière. Mais l'Afrique veut s'en sortir si l'on la laisse libre de choisir son destin. 

L'Afrique se remet debout ? Tout à fait. Et pour le confirmer, il suffit de voir les initiatives qui se font, la jeunesse qui se débrouillent. Il suffit d'observer l'évolution mentale des jeunes citadins sur le continent, et qui ont un discours en décalage avec les pouvoirs en place. On ne pourra plus mentir car les Africains savent.
L'Afrique existe non pas par ses frontières artificielles par un idéal commun d'unification partagée par tous. Chaque fois qu'on a voulu voler l'espoir aux Africains, il y a toujours eu de la résistance, de la contestation. 
Il y a des vues très justes dans ce regard du Togolais Edem Kodjo, ancien Secrétaire général de l'OUA (1978-1983) : "La place de l'Afrique et le rôle des Africains dans le monde actuel sont déterninés par leurs rapports avec les puissances extérieures. Ceux-là sont marqué au sceau de la dépendance: dépendance économique et financière, dépendance culturelle, scientifique et technique, dépendance militaire qui font de l'Afrique un continent sans autorité dans le monde". C'est vrai cette remarque. Les grandes puissances entretiennent chacune sur le continent sa clientèle d'Etats qui, par manque d'une politique étrangère indépendante, les suivent  dans leurs rivalités planétaires. Rares sont les Etats africains à avoir su se doter d'une politique étrangère autonome, intégrés qu'ils sont à l'espace économique et à la sphère d'influence des grandes puissances. Mais il faut mettre un peu de bémol dans tout cela. Les pays africains sont en crise manifeste d'un espace commun fort. Une tribune où chacun peut librement parler des problèmes sociaux chez lui. Quand on voit des milliers de jeunes qui, par tous les moyens tentaient de traverser la mer méditéranée pour atteindre les côtes européennes, leur eldorado mythique, leur seul espoir, disons que ces jeunes-là veulent autre chose que ce qu'ils trouvent chez eux. Du travail, de l'argent et une vie meilleure. Souvent ces jeunes n'atteignent même pas leur but, ils sont arrêtés, humiliés, chassés, refoulés. Ces jeunes-là ont quelque chose à reprocher à leurs pays et à leurs dirigeants politques qu'ils ne porteront jamais dans leur coeur, encore moins d'une estime. Tôt ou tard, d'eux viendront ces contestations, ces sursauts  dont l'Afrique manquent et qu'elle a besoin. 
Il faut rompre avec ce système politique qui ne mène à rien, sinon de perpétuer la dépendance. Et sur tous les plans.  Les Africains font partie de cette humanité, de ce village planétaire, de cette grande communauté des hommes et femmes de la planète terre. A ce titre, ils ont le droit de vivre dignement. Comme les autres peuples. 
Pourquoi n'organiseraient-ils pas leurs terres et en extraire, pour des générations présentes et futures, les ressources qui assurent à d'autres la puissance ? Il faut déjà qu'ils apprennent et accèdent à la connaissance. Savoir pour y découvrir les éléments qu'il renferme à profusion, tant au plan géopolitique qu'au plan géostratégique, même s'ils doivent accepter le principe d'une coopération multiforme avec d'autres nations sur des bases d'indépendance, de respect et de dignité.
Pour cela, ils doivent réussir d'abord leur unité. L'union africaine peut donc être ce cadre idéal dont ils auront toujours besoin.

Le panafricanisme nouveau, avions-nous dit au début de notre refléxion, doit rester non seulement  l'élément fédérateur mais aussi l'élément fondamental. Il faudra dépousiérer cette vieille rengaine du panafricanisme sentimentaliste. Les Africains doivent avoir cette volonté de dire 'non' et refuser des alliances nuisibles à leur évolution. Les Africains d'aujourd'hui mesurent la nécessité d'avoir un espace commun, l'UA, qui peut leur redonner des matériaux pour reconstruire cette Afrique en décomposition et malade. Il faut, comme on dit, une philosophie d'action pour le développement de l'Afrique. Ce continent doit s'unir, comme le martelait N'krumah. Comment ? Certains croient que l'Afrique ne s'en sortira jamais. Disent les plus pessimistes. Nous, nous croyons à son développement. A condition que ses filles et ses fils se battent, travaillent et partagent ensemble ce projet de la réussite. L'Afrique a des atouts. Les facteurs culturels, géographiques, et disons-le, raciaux, sont autant d'atouts, autant d'éléments qu'il faut mettre en exergue pour converger ensemble vers cette nouvelle pensée africaine pour la création du concept du panafricanisme du XXIè siècle.

Dans son unique ouvrage, "Le Congo, terre d'avenir est-il menacé ?", Patrice Lumumba écrivit : "L'Afrique qui entre aujourd'hui dans la même compétition universelle grâce à la suppression d'obstacles qui l'empêcherent de communiquer avec l'Europe, n'echappera pas à cette loi de l'interdépendance et suivra le même chemin qu'ont suivi tous les autres peuples". Cette vision reste valable à la seule condition que cette Afrique-là sache ce qu'elle veule, qu'elle sache déterminer ses priorités. Toute décolonisation commence par la pensée. C'est dans les têtes que les Africains s'émanciperont et réaprendront ce qu'ils attendent de faire pour leurs pays et leur continent. C'est Fanon qui, dans "Les damnés de la terre"(Ed. Gallimard), jette un froid en criant cette vérité difficilement digeste : "L'humanité attend autre chose de nous que cette imitation caricaturale et dans l'ensemble obscène. Si nous voulons transformer l'Afrique en une nouvelle Europe, l'Amérique en une nouvelle Europe, alors confions à des Européens les déstinées de nos pays. Ils sauront mieux faire que les mieux doués d'entre nous".

Les Africains veulent, pour répondre à cela, qu'ils soient eux-mêmes, maîtres de leurs destinées. Comme disait Aimé Césaire : "La malédiction la plus commune en ce cette matière est d'être la dupe de bonne foi d'une hypocrisie collective habile à mal poser les problèmespour mieux légitimer les odieuses solutions qu'on leur apporte". (Discours sur le colonialisme, Ed. Présence Africaine).

Parce que les mauvaises solutions apportées hier, ont fait la faillite de cette unité africaine.  Il faudra l'éviter à tout prix. En fait, il ne s'agit pas de copier ni de rattraper les autres qui ont déjà une certaine longueur d'avance. Le retard de l'Afrique, s'il y en a, s'explique surtout par l'échec de sa colonisation qui, au lieu de transférer le savoir, les colonisateurs se sont plus occupés plutôt du pillage des richesses. Ces violations ont conduit à des réparations des erreurs des occupants-civilisateurs. Des problèmes gigantesques sont démeurés. L'analphabétisme qu'il a fallu rattraper, le transfert des technologies qui fait toujours défaut. Des programmes de l'ONU, du FMI et de la Banque mondiale,  souvent insuffissants et inadaptés. Est-ce que cette Afrique à la traîne du développement ,a-t-elle réellement besoin des modèles? Faut-il tout copier pour prétendre répondre aux modes de développement, tel que la conçoive l'Occident? Comment parler du progrès lorsque les Africains ne sont pas encore maîtres de leurs propres destinées ? Pour que l'Afrique puisse se développer, il y a lieu de s'approprier de ses ressources naturelles, et de les mettre en valeur.

Les pays de l'Union Africaine savent que la notion du développement n'a pas la même connotation, ni le même sens. Le plus urgent, c'est de trouver les moyens de sortir de ce que certains appellent le ' sous-développement '.  Le développement  ne peut être assuré que s'il est d'abord et avant tout un processus axé autour des besoins et des intérêts des populations du continent. L'Afrique a plus besoin d'un autre modèle de développement. Ce qui suppose que les Africains doivent avoir un objectif clair. Dans cette perspective, les notions du développement  endogène et autocentré reste celui de développement indépendant de toute puissance extérieure. Le développement de l'Afrique doit permettre aux Africains d'assumer leur différence, avec cette possibilité de s'épanouir, de s'affranchir et de s'exprimer. 
L'Union africaine doit faire tout son possible afin que les populations du continent vivent mieux et réapprennent à avoir confiance en eux, et à retrouver la  confiance en leurs dirigeants. 
Le monde actuel est devenu  un marché intégré où, l'information,  avec l'arrivée de l'internet, circule librement et avec une facilité surprenante. L'environnement  international pèse lourdement sur les déstinées de tous les pays, quel que soit leur régime politique. 

Les pays de l'UA devront tout faire pour qu'un marché commun africain voit le jour. Ce marché constituera le socle d'un bond économique spectaculaire pour  tous les pays d'Afrique.
Unis, les Africains resteront plus forts. Ils doivent savoir qu'au lieu de s'entredéchirer, se battre entre eux, ils doivent plutôt refléchir comment réussir ce transfert de technologie, ce savoir acquis ailleurs et qui doit bénéficier à l'Afrique. Il faut se battre plutôt contre la mauvaise gouvernance, lutter contre les égoïsmes, les individualismes. Et encore comprendre le pourquoi de cet égoïsme des puissances d'hier et d'aujourd'hui dans le partage des savoirs technologiques et dont souvent l'Afrique est exclue. 

En promouvant un développemetnt scientifique sur deux pieds, les Africains non seulement respecteront leur culture, mais surtout, accéléront un processus cohérent et diversifié qui ne pourra qu'enrichir le patrimoine commun de l'Humanité.
Comment se développer, dans le sens dont l'entend l'Occident, sans une politique cohérente et une dynamique de recherche scientifique et technique ? Un ambitieux programme de recherche fondamentale et de recherche appliquée permettra aux Africains  les plus doués de mettre à profit leurs facultés créatrices pour découvrir et inventer des techniques nouvelles de production et participer au vaste mouvement scientifique et technique que connait l'humanité et pourquoi pas, se lancer dans l'aventure spatiale ! 
Comme on le voit, l'Union Africaine n'a pas le droit de rater ce rendez-vous avec la marche de l'histoire des hommes qui se donnent corps et âme afin d'améliorer la vie. L'Union Africaine restera plus que jamais une exigence pour les fondements et le développement du continent.
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21 juin 2007 4 21 /06 /juin /2007 08:22
Les trois poètes qui suivent ont connu un même destin, puisqu'ils sont morts suicidés. Dans un pays où la vie était parfois impossible rien ne peut nous étonner. La semaine prochaine, je parlerai de ce grand pays d'Afrique australe. Je vous ai déjà présenté le Nigéria, puis l'Angola, la Namibie, la Zambie et le Congo-Brazzaville. Cette fois, je retourne encore une fois en Afrique australe où se passe des choses qui ne sont pas toujours forcément médiatisées. L'Afrique du Sud est un pays qui compte sur le continent africain. Comme on le verra tout prochainement. En attendant, voici ces trois poètes, tous jeunes, qui montrent bien l'image de cette Afrique d'hier et d'aujourd'hui.

ARTHUR  NORTJE,
est un jeune poète métis sud-africain. Il a mis fin à ses jours à l'âge de 28 ans ( à Oxford, en 1970). 
Ce poème est l'un de ses derniers, poignants.

Toutes les faims s'en vont.

Toutes les faims s'en vont
nous perdons trace de leurs dates:
les désirs se soulèvent comme des naissances,
et règnent pour un temps comme des potentats.

Je gis et j'écoute la pluie
des heures avant que l'aube pleine n'apporte
un autre jour et puis le soleil d'hiver
ici en ce pays où les rythmes s'épuisent.

Blafard au sommeil je m'arrache
devant le miroir j'ouvre des yeux bouffis de rêve:
je traîne ma corpulence flasque
parmi les tables de riches bibliothèques.

Le gras s'est durci dans la bouche,
ces mets délicats avaient un goût de cendre:
les lendemains d'une douce évasion
se terminaient en balivernes et béguins.

J'ai renoncé à ces plaisirs,
aux tournées de sherry, aux bras d'une fille de miel
le Drakensberg (une chaîne de montagnes sud-africaine dans la province du Natal)
le Drakensberg gît emmailloté dans les tenèbres,
la famine hante les femmes du Transvaal.

Ce qui pourrait me consoler
s'effondre en amertume.
Des pas allègres filent devant ma porte
tandis que je me remets de ces années gâchées.

La pluie s'apaise. Face contre terre
je gis, mes bras maigres croisés, à moitié conscient
de cette peau qui se tend sur son pelvis;
Posture noire et pathétique.


DENNIS  BRUTUS,
poète métis qui a consacré toute une partie de sa vie à lutter contre l'Apartheid dans le domaine des sports.
Arrêté et emprisonné, il croyait toujours à la reconciliation des peuples en Afrique du Sud.


Nous survivrons toujours...

Nous survivrons toujours quoiqu'il arrive
Et la tendresse aliénée ne se résorbe point.

Les phares inquisiteurs rongent 
Nos profils nus et désarmés ; 

Le Décalogue invisible du tabou fasciste
Suspend ses foudres sur nos têtes
Avant de sombrer demain dans le désastre;
Les bottes ébranlent la porte qui s'écaille.

Mais quoiqu'il arrive nous survivrons
Malgré la dépression, malgré la dépossession,
Malgré la perdition.

Les patrouilles se déploient sur le bitume obscur
Et sifflent vers nous leur menace,

Cruauté extrême, la terreur balafre la patrie entière
La vouant à l'horreur et à la détestation;
Voici déchirés notre soumission passionnée et nous-mêmes

Mais quoiqu'il arrive la tendresse subsiste.



INGRID  JONKER,
fille blanche d'un Afrikaner nationaliste, elle cherchait à donner un sens à sa vie. Poètesse, il dévoile toute sa douleur de vivre, sa beauté triste et sa sensibilité pleine de pudeur. Elle se suicide à 32 ans. Son poème date de 1966.


JE  SUIS  AVEC CEUX.


Je suis avec ceux qui 
insultent  le sexe
parce que la personne ne compte pas
avec ceux qui se saoûlent
 pour contrer les abîmes de la pensée
pour contrer cette illusion sur la vie
qui jadis était bonne était belle et avait un sens
pour contrer la fausseté des garden-party
pour contrer ce silence qui bat dans les tempes
avec ceux qui vieux et pauvres
contrent la fuite du temps et la mort atomique
et qui dans leur cabane comptent les dernières
mouchent sur le mur
avec ceux qui connaissent l'abrutissement de l'asile
et la débâcle des électrochocs
traversant leurs sens en délire
avec ceux qu'on a privés de leur coeur 
comme un feu rouge qui ne peut plus clignoter
avec les métis, les Africains dépossédés
avec ceux qui assassinent 
parce que chaque nouvelle mort confirme
le mensonge de la vie
Et s'il vous plaît oubliez
la justice elle n'existe pas
la fraternité est une tromperie
Et l'amour il n'a aucun droit.
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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 06:52
Durant une semaine, la bande de Gaza a été le théâtre des affrontements entre le groupe armé le Hamas et les forces du gouvernement du Fatah. Une semaine sanglante qui a fait une centaine de morts, et faire tomber cette partie de la bande de Gaza aux mains du Hamas. Le mouvement islamiste préside depuis le vendredi 15 juin aux destinées de 1,5 million de Palestiniens. Créant de ce fait, une nouvelle situation politique pour ce territoire de la Palestine, qui, des décennies, a focalisé l'attention du monde entier, pour un conflit de dure un peu plus longtemps et dont l'issue reste toujours improbable.
La Palestine se compose de cette bande de Gaza, 360 km2 pour plus d'un million d'habitants, et la Cisjordanie, un territoire de 5.900 km2 pour une population estimée à 2,5 millions d'habitants. Deux forces en présence se révendiquent le droit de défendre les intérêts des Palestiniens. Le mouvement nationaliste Le "FATAH", d'obédience laïque, membre de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Après la mort du charismatique chef historique Yasser Arafat, c'est Mahmoud Abbas qui préside à la déstiné de l'Autorité palestinienne. Mais les divergences entre les deux formations politiques sont profondes pour aboutir et définir une stratégie politique afin que ce territoire palestinien obtienne son indépendance. Le Hamas a une position très claire. C'est un mouvement islamiste et veut crée un pays dominé par la réligion islamique. Malheureusement sa méthode est radicale. Ce qui fait figurer ce parti Hamas, (milices du Mouvement de résistance islamiste), sur la liste des organisations terroristes, selon le monde occidental (Etats-Unis, Canada, Union européenne et Israël). Le même occident qui a voulu des élections libres en Palestine, sous contrôle international, mais qui a vu la victoire écrasante du Hamas. Le président Mahmoud Abbas fut contraint de nommer un premier ministre issu de cette majorité, membre du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Le peuple palestinien qui a voté, est-il souverain ? Un peuple qui souffre, un peuple de réfugiés, et pauvres, totalement dépendants de l'aide humanitaire internationale. Ce Hamas qui a néanmoins remporté une large victoire aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006, est-il "représentatif" ? Le gouvernement de l'Autorité Palestinienne est-elle crédible ? Que vaut la démocratie pour un pays en perpétuel conflit ? La Palestine sera-t-elle indépendante un jour ? Jusqu'à quand ce conflit israëlo-palestien ? Que peut faire la communauté internationale face à cette situation inédite et d'une improbable solution ? Ce sont toutes ces questions qui détermineront la sagesse des hommes, afin de donner un espoir à ces deux peuples-cousins, de vivre un jour une deux terres de paix et d'amour.
Ce qui se passe en palestine est dangereux pour l'avenir des peuples de la région, si l'on arrive pas à trouver une solution viable.
Le Hamas ne pourra pas se permettre de couper la Palestine en deux et faire règner sa force. L'Autorité Palestinienne n'a pas le pouvoir pour gouverner un pays-fantôme et contre la volonté des Palestiniens. Voilà le dilemme qu'il faut résoudre. Le Fatah, signataire des accords d'Oslo, qui a institué l'Autorité Palestinien (un jeu de mot, qui veut dire l'Etat de la Palestine en projet), ce parti peut-il convaincre la communauté internationale, s'asseoir aux côtés des Khaled merchaal, (chef du Hamas) et Ismaïl Haniyeh, (le premier ministre limogé et remplacé par Salam Fayyad) ?
Entretemps, en Israël, on s'apprête à célébrer l'arrivée du nouveau président Shimon Peres, et que l'actuel premier ministre Ehud Olmert vient de nommer le chef travailliste Ehud Barak (ancien premier ministre) au poste de ministre de la défense, en remplacement d'Amir Peretz (pour sa guerre au Liban). Ehud Barak qui vient à peine d'être élu le numéro un des travaillistes en remportant à l'arraché les primaires du parti travailliste sur son rival Ami Ayalon, un ex-chef du Shin Beth (le chef de la sécurité intérieure israëlienne).
Reste à savoir quelle politique Israël entend mener pour l'avenir dans les territoires palestiniens. Un terriroire qui est déjà passé aux mains du Hamas.
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15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 07:04
Le 13 juin 2007 restera une date importante pour Shimon Peres, 83 ans, et qu'on appelait jadis d'éternel perdant des élections. Cette fois-ci, il vient de prendre sa revanche lors d'un vote au Parlement, ce qui est un point d'orgue d'une carrière politique d'une longévité exceptionnelle.
Depuis plus d'une cinquantaine d'années, Shimon Peres a toujours été sur le devant de la scène politique israëlienne. Ancien Premier ministre, Prix Nobel de la Paix, Shimon Peres peut s'estimer heureux d'avoir mener sa carrière politique. Car, l'homme est pragmatique. Et en politique, surtout dans un pays comme Israël ce n'est pas négligeable. Jouissant d'une aura internationale et d'un fort soutien de l'opinion pour occuper cette fonction symbolique de rassembleur et d'une autorité morale qui est celle du président. Au sein de la population israëlienne, Shimon Peres arrivait très largement en tête avec 60%, selon un récent sondage, contre 22% pour Reuven Rivlin, et 6% pour Colette Avital.
Monsieur Reuven Rivlin, ex-président du Parlement est considéré comme un ' faucon ' au sein de la droite, avait, outre l'appui de son parti, le ' Likoud ', celui des formations d'extrême-droite qui lui savent gré d'avoir marqué avec force son opposition au retrait unilatéral de la bande de Gaza et à l'évacuation manu militari de ses colonies en 2005.
Madame Colette Avital, (67 ans), est la candidate du parti travailliste, députée et ancienne diplomate. Elle était soutenue par sa propre formation et considérée comme une oustider.
Quant à Monsieur Shimon Peres, numéro deux du gouvernement d'Ehud Olmert, il bénéficiait du soutient de ' Kadima ', la formation centriste dont il est membre, ainsi que du parti des retraités, également représenté au gouvernement, et des ultra-orthodoxes du ' Shass '.

Shimon Peres a été élu au second tour par 86 voix contre 23, les députés étant appelés alors à se prononcer pour ou contre son élection. Le Parlement israëlien ' La Knesset ', compte 120 membres.
119 deputés ont participé au vote. Il y a eu 8 bulletins blancs, et 2 bulletins nuls. Au premier tour, Monsieur Shimon Peres avait obtenu 58 voix, un populaire du ' Likoud ', (droite), Monsieur Reuven Rivlin, 37 voix, et la députée travailliste Madame Colette Avital, 21 voix.
La ' Knesset ' était appelée à élire le 9è président de l'Etat d'Israël, une fonction avant tout protocolaire, pour succéder à Monsieur Moshé Katzav, tombé en disgrâce en raison de son implication dans une affaire de viol et harcelement sexuel. Le mandat de sept ans de Moshé Katzav, suspendu fin janvier de ses fonctions, arrive à expiration en juillet 2007. 
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