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14 octobre 2015 3 14 /10 /octobre /2015 21:17
Le couteau sorti d'un sac ou d'une chemise est devenu l'arme et le symbole de la confrontation des Palestiniens contre les Israéliens, avec un impact psychologique fort même si ces attaques n'ont fait que deux morts jusque-là.

"Le terrorisme au couteau ne nous vaincra pas", a lancé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l'ouverture d'une nouvelle session du Parlement placée sous le signe des violences qui secouent Israël et les Territoires palestiniens occupés depuis 12 jours.
Les images des couteaux, qu'ils soient de simples couteaux de cuisine ou de véritables surins de combat à lame crantée -en passant par un tournevis et même un épluche-légumes-, font depuis dix jours le tour des réseaux sociaux et des médias israéliens et palestiniens.
Policiers et témoins présents lors des attaques ont pris l'habitude de dégainer leur téléphone portable en quelques secondes pour filmer la scène de l'agression et parfois l'arme utilisée, encore ensanglantée.
"Il s'agit d'un objet du quotidien que tout le monde a chez soi ou qui est disponible partout, qui ne demande aucun entraînement et qui est facilement dissimulable", résume le Professeur Shaul Kimhi, psychologue et spécialiste des situations de stress et de résilience liée au "terrorisme".
"Une attaque au couteau n'a pas pour fonction première de tuer mais d'abord de faire peur et le but est atteint. Les Israéliens sentent le danger même s'il n'est pas proportionnel à la menace", ajoute-il.
Depuis le 3 octobre, 19 attaques ou tentatives d'attaques à l'arme blanche ont été perpétrées, dans la quasi-totalité par des Palestiniens hommes ou femmes. Loin des bains de sang causés par les attentats à la bombe de la deuxième Intifada, elles ont tué deux Israéliens. Dix agresseurs présumés ont été abattus. L'un des agresseurs blessés lundi à Jérusalem-Est avait seulement 13 ans.
Les Israéliens sont habitués à développer des solutions techniques pour faire face aux menaces, comme le bouclier anti-missiles Dôme de fer contre les roquettes. Ils sont pris de court par ce mode opératoire qui n'est pas nouveau, mais s'emploie à un rythme inédit.
"Nous avons à faire à des individus qui utilisent la plus basique des armes de terrorisme qui existe, et on ne peut pas faire la chasse aux couteaux. Il n'existe donc aucune réponse sécuritaire à cette crise", dit à l'AFP Miri Eisin, ancienne colonel du renseignement militaire israélien.
A la télévision israélienne, des spécialistes de l'autodéfense sont invités en plateau pour montrer des parades spécifiques.
"Le plus important, c'est de créer une 'zone stérile', d'éloigner le couteau le plus loin possible de votre corps, par exemple avec cette clé de bras", explique en direct un intervenant en tordant le poignet de celui qui simule son agresseur.
Les services de secours du Magen David Adom ont, eux, diffusé un tutoriel (une vidéo pédagogique) pour apprendre au public les gestes qui sauvent. Ils rappellent qu'il ne faut pas toucher à la lame enfoncée dans la victime pour ne pas aggraver l'hémorragie.
Sur les réseaux sociaux palestiniens, certains parlent d'une "Intifada des couteaux" et le chef du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a salué "les héros au couteau" dans un prêche.

L'usage du couteau est à l'image d'un mouvement spontané de jeunes qui ont répudié leurs dirigeants. Le désespoir apparent de ceux qui manipulent l'arme blanche et doivent bien imaginer qu'ils vont au-devant de la mort reflète celui d'une grande part de cette génération.
Mohammad Halabi, 19 ans, se disait prêt à mourir sur sa page Facebook au nom d'une "troisième intifada" avant de tuer deux Israéliens à coups de couteau dans la Vieille ville de Jérusalem et d'être ensuite abattu.
"Hé les occupants! Avec un couteau, pas de sirène d'alarme pour vous prévenir", écrit un internaute palestinien.
En réponse, c'est aussi sur les réseaux sociaux que les Israéliens exorcisent la peur en maniant l'humour noir. Comme sur la photo de cet homme affublé d'une armure artisanale, le visage crispé sur le pas de sa porte avec pour légende: "Chérie je sors juste les poubelles et je reviens".
En revanche, les Israéliens ont été choqués de voir passer à Tel-Aviv la semaine dernière un couteau de 3 mètres de long enfoncé dans une réplique géante de tomate rougeoyante, le tout juché sur la plateforme d'un camion.
Il s'agissait d'une campagne publicitaire du coutelier Arcos. Aux premières plaintes du public, il a remisé son camion et présenté ses excuses en assurant qu'il s'agissait d'un timing malencontreux et qu'il n'avait en aucun cas "songé à faire une exploitation cynique de cette situation si triste".

Israël a installé mercredi des postes de contrôle autour de Jérusalem-Est, parmi une série de mesures destinées à stopper une vague d'attentats qui a franchi un nouveau palier et dont la plupart des auteurs sont issus de cette partie palestinienne de la ville.

S'adressant aux Palestiniens, pour la première fois depuis le début il y a deux semaines des dernières violences, le président palestinien Mahmoud Abbas a dit soutenir un mouvement "pacifique" et affirmé "le droit à nous défendre" contre l'occupation israélienne.
La mort mardi de trois personnes dans deux attentats anti-israéliens, dont la première attaque à l'arme à feu dans un bus, a suscité l'alarme en Israël et réveillé le souvenir des attentats meurtriers de la deuxième Intifada, avivant une peur déjà largement répandue.
Deux nouvelles attaques au couteau, les dernières en date de plus d'une vingtaine en 12 jours, se sont produites mercredi après-midi à Jérusalem. L'une contre un agent de sécurité a été avortée et la seconde, perpétrée près de la gare routière très fréquentée, a blessé une femme et créé la panique.
Les deux assaillants, des Palestiniens de 20 et 23 ans, ont été tués par la police.
Devant cette flambée que rien ne semble arrêter, Israël a annoncé de nouvelles dispositions: Les règles de port d'armes vont être assouplies, les corps des auteurs d'attentats ne seront plus restitués à leur famille, 19 Palestiniens vont être déchus de leur titre de résidence à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël.
Le gouvernement avait déjà annoncé dans la nuit la mobilisation de soldats au côté des policiers dans les villes israéliennes. En plus de démolir les maisons d'auteurs d'attentats - mesure déjà en vigueur - Israël va saisir leurs biens, a dit le gouvernement.
Le gouvernement a aussi autorisé la police à "boucler ou à encercler les secteurs de friction ou de haine à Jérusalem", en fonction de la situation.
Dès mercredi matin, des policiers en armes contrôlaient une à une les voitures sortant de Jabel Mukaber, quartier de Jérusalem-Est d'où venaient les deux hommes qui ont semé la terreur dans un bus mardi et celui qui a précipité sa voiture sur un arrêt de bus.

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Diverses sources : afp ; http://www.msn.com/fr-ch/actualite/monde/violences-en-isra%C3%ABl-palestine-un-%C3%A9v%C3%A9nement-plus-grave-que-les-autres-peut-embraser-la-population/ar-AAfruSn?li=AA520x ; http://www.maritima.info/afp/10/a-gaza-les-jeunes-n-ont-rien-a-perdre-face-aux-soldats-israeliens.html ; https://www.youtube.com/watch?v=Lao0CfQWXv0

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