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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 00:14
Il y a deux ans, la petite ville d'Adelanto tombait en ruine dans le désert de Mojave, en Californie, vouée à un sombre avenir avec son chômage à deux chiffres et ses finances dans le rouge.

"On était sur le point de disparaître, d'être avalés par une autre ville", se souvient le conseiller municipal John "Bug" Woodard Jr. "C'était un endroit désespéré, qui se mourait".
Mais la ville a remonté la pente depuis qu'elle a rejoint une poignée de municipalités californiennes décidées à cultiver à grande échelle de la marijuana.
La Californie permet en effet déjà l'usage du cannabis à des fins médicales. Et en novembre, les habitants doivent se prononcer sur un usage à titre récréatif. Si celui-ci est autorisé à son tour, l'Etat de Californie, qui est le plus peuplé du pays, devrait devenir l'épicentre d'une culture susceptible de lui rapporter des milliards de dollars.
L'Arcview Group, un institut de recherche et d'investissement dans le cannabis basé en Californie, prédit un doublement des ventes de marijuana dans cet Etat d'ici 2020, à 6,5 milliards de dollars (5,8 milliards d'euros).
Et au niveau national, le marché légal du cannabis, qui représentait 5,7 milliards de dollars en 2015 (5,1 milliards d'euros), devrait quadrupler d'ici 2020 à 23 milliards de dollars (20,6 milliards d'euros), selon Arcview.
Outre la Californie, d'autres Etats comme l'Arizona, le Maine, le Massachusetts et le Nevada voteront en novembre sur l'usage du cannabis à des fins récréatives.
Une proposition similaire en Californie avait échoué en 2010 mais elle est davantage soutenue aujourd'hui, y compris par le milliardaire de la Silicon Valley Sean Parker.
Pour Adelanto, la ruée des investisseurs a déjà commencé: en novembre dernier, cette ville de 32.000 habitants a été parmi les premières à autoriser la culture de cannabis à des fins médicales. De nombreux investisseurs sont alors arrivés, désireux d'acheter tous les entrepôts ou terres disponibles marquées "zones vertes".
"On a tout à coup des gens qui viennent jusqu'ici en Bentley pour acheter des biens", affirme M. Woodard, 57 ans, agent immobilier à cheveux longs qui organise chaque année un festival de jazz dans le désert tout proche.
"Là, vous avez un bâtiment acheté 725.000 dollars (650.000 euros) il y a deux ans, qui vaut maintenant 4 millions (3,5 millions d'euros)", dit-il, en montrant une étendue de terres où ont germé des entrepôts entourés d'arbres de Joshua, typiques de l'Ouest américain. "Quand on parle d'Adelanto maintenant, tout le monde sait où ça se trouve".
Le rappeur Snoop Dogg, ainsi qu'un des fils de la légende du reggae Bob Marley, Ky-Mani Marley, ou encore l'acteur Tommy Chong, de la comédie "Cheech & Chong", figurent parmi les célébrités lancées dans cette course effrénée au permis de culture, selon M. Woodard.
Une fois que les cultures seront lancées, la municipalité s'attend à produire au bas mot 100 tonnes de cannabis par an, qui devraient générer des impôts bienvenus pour cette ville décrépite jusqu'à présent plus connue pour ses trois prisons que pour être l'amie des fumeurs de joints...
"Nous sommes sur le point de prendre le contrôle du secteur", assure Jermaine Wright, ancien pasteur et membre du conseil municipal. "Nous faisons ce qu'aucune autre ville n'a fait pour la marijuana, et ça va faire venir d'autres entreprises", veut-il croire.
La ville a ordonné que 40 à 50% de la main-d'oeuvre soit recrutée localement, une mesure censée réduire considérablement le chômage.
Adelanto, qui veut dire "avancée" en français, a déjà délivré 35 permis de cultiver du cannabis, et d'autres devraient suivre dans les prochains mois, selon M. Woodard.
Dan Olson, propriétaire d'une société qui fabrique des équipements pour la filtration de l'air dans une des "zones vertes", a vu la ville se transformer.
"Je me balade dans le désert chaque matin et je vois le changement", raconte M. Olson, dont l'entreprise travaille à Adelanto depuis 12 ans. "On voit maintenant des voitures aux vitres teintées et des entrepôts dont les alentours ont été nettoyés des mauvaises herbes, et on sait que ça va être cultivé".
Christopher Goodman, 59 ans, qui est sur le point d'acheter plusieurs entrepôts, espère qu'ils lui rapporteront des millions de dollars.
"La demande est là, et plus les gens seront informés sur le cannabis, plus il y aura de consommateurs", affirme M. Goodman, qui travaillait auparavant dans l'automobile.
"Je vous le dis franchement: je préfère fumer du cannabis que boire de la bière..." (afp)

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