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22 mai 2007 2 22 /05 /mai /2007 06:37
C'est d'abord par la poésie que les Angolais ont commencé à s'exprimer. L'émotion, la révolte, l'amour, autant de sentiments jalonnée par une poésie riche.
L'histoire du pays fut jalonnée de faits violents qui ont poussé les écrivains à jeter à la face de l'oppresseur toute leur révolte. Une révolte souvent exprimée lors de leur exil auprès de Salazar, le dictateur portugais.

C'est curieusement au Portugal que les jeunes étudiants angolais dans les années 40 ont senti le manque d'intérêt de la métropole pour la culture de leur pays d'origine. Ils vont ainsi fonder en 1948 un 'Mouvement des Nouveaux Intellectuels d'Angola'. Soucieux de marquer leur présence en Europe, ils se lancent dans la 'découverte' de l'Angola. Pour exprimer leurs préoccupations, ils fondent les revues 'Mensagem' en 1951, puis 'Cultura' en 1957:
On y découvre les poèmes des étudiants angolais souvent des 'assimilados', ou fils d'assimilés noirs ou métis. Ou encore quelques jeunes Blancs natifs d'Angola.
Dans ces textes, la révoltes est présente. Comme aussi la souffrance morale.
Le combat est alors engagé entre ces intellectuels et le système colonial portugais. Cette audace vaudra d'ailleurs l'emprisonnement ou des pressions psychologiques ou financières sur certains de ces jeunes étudiants en exil. Le gouvernement portugais, sous le dictateur Antonio Salazar, ne va pas se gêner pour sévir durement contre ces poètes, résistants de la première heure contre la présence coloniale en Angola.
En 1961, le pays est à feu et à sang. L'armée portugaise réprime par la violence meurtrière toutes revendications tant en Afrique qu'en Europe. Des milliers de morts soulèveront l'indignation de l'opinion internationale. Des poètes angolais l'exprimeront encore mieux dans leurs textes.
Mais la poésie angolaise relève la naissance d'une littérature du pays. Puis, dans le domaine de la fiction, les Angolais sont encore peu présents. Est-ce par manque de temps, d'inspiration, ou de maisons d'éditions ? En fait, c'est tout cela. En Angola, les romanciers étaient rares, même si quelques dizaines continuaient d'occuper la place dans les librairies et bibliothèques portugaises. En somme, ils restaient inexistants. Pourtant les thèmes et les faits historiques ne faisaient pas défaut. Le roman angolais était pauvre pour plusieurs raisons. Il y a d'abord l'absence des grandes maisons d'éditions, comme on l'a dit précedemment. Les écrivains sont obligés de s'exiler en Europe pour publier ou simplement se faire éditer leurs oeuvres litt^éraires. Ils vont au Portugal ou encore au Brésil.
Autre problème de publication, le coût du papier pour les imprimeurs, d'autant plus incompréhensible que le pays est producteur de bois et de l'arbre à papier. On déboisait à qui mieux mieux, certes, mais les responsables préféraient exporter en Europe, ou en Occident, pour en racheter le papier au prix fort ! En métropole, comme les écrits contestataires dérangent, c'est surtout vers les éditeurs engagés à gauche, qui auront le courage d'éditer les auteurs africains. Avec tous les risques financiers, voire politiques, que cela comportait. En fait, les Africains voulaient plus dénoncer qui est une autre façon d'infomer.
Alors écrire sur place sur la poésie engagé ou sur la politique devenait un acte militant et un défi.
Le plus étonnant pour ces éditeurs qui ont pris ce risque de publier les Angolais, est que le succès fut immédiat. Les Portugais, comme les Européens découvraient que les Noirs pensaient et avaient quelque chose à dire et à dénoncer. Car cette littérature-là abordaient avec sensibilité le drame angolais, les pleurs d'un peuple, la déchirure, l'amour de la liberté et de la lutte armée. Ce qui surpris plus d'un. Quelques portugais séduits ou touchés par ces messages vont les aider dans leurs révendications. Cet aspect n'a jamais été souligné. Bien entendu ceux qui écrivaient étaient certes des lettrés, donc des privilégiés, mais leur message valait la peine d'être entendu ou écouter, tout simplement.
Le Portugal, qui s'est évertué dans sa politique d'obscurantisme des populations africaines, (par exemple le fait de ne point créer des écoles, d'aider les Africains d'être éduqués), n'avait pas intérêt à fabriquer les futurs contestataires. Plus ils restaient dans l'ignorance, mieux c'était. La grande masse paysanne angolaise est restée analphabète. la majorité des Angolais à l'époque coloniale ne savait ni lire ni écrire. Les quelques privilégiés, appelés "assimilados" sont issus de la petite bourgeoise noire, plus quelques métisses ou blancs de la moyenne ou grande bourgeoisie portugaise. Les plus éveillés, avec une conscience politique aiguë, n'avaient pas leur place en Afrique, ils devraient s'exiler en Europe pour pouvoir s'exprimer et avoir une certaine audience. Ils n'avaient visiblement pas une position confortable, comme on peut l'imaginer. Surtout dans ce contexte de tension coloniale que vivait l'Angola.
Malgré la situation dramatique que connaissait le pays, l'Angola a vu surgir tout de même un bon nombre d'auteurs, peu nombreux au départ, certes, mais suffisamment tout de même pour avoir ce courage de braver l'ordre colonial, et dénoncer ce système d'oppression à l'encontre des Noirs, surtout, et de façon inattendue.
Les romans qui évoquent cette période sont rares mais intéressants à découvrir. Il existe des articles assez consistants de l'époque qui parlent de tout cela. A noter d'ailleurs certaines audaces des Angolais de publier un opuscule intitulé 'A voz de Angola clamado no deserto', véritable pamphlet anticolonial, et dans lequel ils exprimaient leurs difficultés à écrire, et à se battre culturellement pour survivre.
Par ailleurs, la littérature angolaise a pu se faire connaître grâce aussi aux chercheurs étrangers qui ont visiter l'Angola durant cette période coloniale. Ils témoignaient. Qui se rappelerait d'un certain Tomaz Vieira da Cruz, ce grand écrivain blanc, le plus noir des poètes blancs angolais du début du siècles ? Et que sont ces Geraldo Bessa Victor, Castro Soromenho ? Il faudrait certes les découvrir pour mesurer l'importance de leurs écrits dan l'éveil de la littérature angolaise. On peut toujours citer aussi les plus conns comme Pepetela, Luandino Vieira, Mendes de Carvalho, Castro Andrade, Boaventura Cardoso, Santos Lima, ainsi que des poètes tels que Jofre Rocha, Agostinho Neto (poète devenu Chef d'Etat), Mario de Andrade, Antonio Cardoso.
Parmi les oeuvres de ces auteurs cités, on oubliera jamais des livres tels que 'Yaka', de Pepetela, véritable roman historique de référence sur le royaume du même nom. Il y a aussi Luandino Vieira, 'La vraie vie de Domingos Xavier', réquisitoire sur la brutalité policière dans les prisons luandaises. Agostinho Neto nous a laissé son unique livre de poésie 'Espérance sacrée', d'une profondeur troublante, dans lequel le poète exprime ses souffrances d'exilé au Portugal, durant la colonisation, et le drame qui se passait dans son pays désormais lointain en Afrique australe. Quant à Mario de Andrade, qui a surtout écrit en portugais et en français, il a encore fait mieux pour faire rayonner la culture du pays et attirer l'attention sur l'Angola, en France. La revue 'Présence Africaine' a d'aillerus publiée beaucoup de ses articles. Il est par ailleurs l'auteur d'une excellente "Anthologie des poètes africains d'expression portugaise".
Pour mieux saisir les réalités actuelles, Manuel dos Santos Lima, en avance sur son temps, avait publié en 1984, au Portugal, un roman intitulé "Os anoès os mendigas", sur le désastre des indépendances africaines. Puis il relança la douleur en évoquant son expérience dramamtique durant la guerre de libération et dans la guérilla angolaise, dans "As làgrimas e o vento".
Deux romans de Castro Soromenho méritent aussi d'être signalés et découverts, il s'agit de "Viragem" publié en 1956, et "Caga" en 1970. Ces deux livres évoquent le type de relation qu'entretiennaient les colons portugais et les Angolais au Nord de l'Angola, et dans les deux provinces de 'Zaiïre' et de 'Uige'.
Citons enfin toute la pléiade d'écrivains qu'on ne devrait jamais ignorer, comme Uanhenga Xitu, Ana Paula Tavarès, Arnaldo Santos, Henrique Abranches, Ruy Duarte de Carvalho, Boaventura Cardoso, Jofre Rocha, Adriano Botelho de Vasconcelos , ou le juif Angolais Arlindo Barbeitos (qui a publié un surprenant livre poétique sur l'amour qu'il porte sur son pays de naissance 'Angola, Angolê, Angolana')
Que peut-on dire du nouveau roman angolais ? Sinon, dès les années soixantes, plusieurs roamns furent publiés, et traduits en français, car la langue portugaise étant la langue officielle de l'Angola. Dans l'anthologie de Mario de Andrade que nous avons déjà cité, on y trouve Antonio Jacinto, Geraldo Bessa Victor, Fernando Costa de Andrade, Viriato da Cruz, Mario Antonio Fernandes de Oliveira et surtout Agostinho Neto. ("Poésie africaine d'expression portugaise", de Mario de Andrade, en français, paru aux Edtions P.O.J. à Paris, en 1969).
On peut lire aussi l'"Anthologie négro-africaine" de Lilyan Kasteloot (Editions Marabout, Liège, Belgique, en 1981).
Avant de conclure ce panorama, non complet évidemment, une refléxion s'impose. Quelle place occupera la littérature angolaise d'hier et d'aujurd'hui dans l'Angola de demain ? les Angolais devraient continuer à écrire. Ils ont tant de choses à raconter avec tous les événèments qui se sont produits dans leur pays. La fiction reste un meilleur moyen de passer un message. Puisque la poésie tend à prendre difficilement la place. ils faudrâit don^c que les Angolais continuent à écrire, prendre leurs plumes pour raconter, parler de leur pays sans le trahir. La littérature angolaise ne sortirait que grandie de tout cela.
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