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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 16:57
Alors que le parti présidentiel angolais, le MPLA, (Mouvement populaire de libération de l'Angola) fête ses 52 ans d'existence, et savoure encore sa récente victoire écrasante aux élections législatives de septembre 2008, (remporté à 81% des voix), dans cette foulée euphorique, les partisans de l'actuel  président José Eduardo dos Santos,  (66 ans, et au pouvoir depuis 1979), ils le poussent à confirmer sa candidature, et à se représenter aux prochaines présidentielles de 2009. Même si c'était prévisible, l'intéressé n'a encore jamais dit ses intentions publiquement.
Dire que cela ne lui déplairait pas est un euphémisme. Il en a l'intention et va se représenter, sauf imprévue. Pour le parti, c'est lui qu'on a choisi. Ainsi, de 1979 à 2009, il aura fait ses trente ans de pouvoir ! Un chiffre magique.
Selon la presse angolaise, la RNA (Radio nationale angolaise) qui a reçu Juliâo Mateus Paulo, le secrétaire général de ce parti présidentiel au pouvoir, le MPLA a porté son choix sur José Eduardo dos Santos. Le patron du parti du président, M. Mateus Paulo, dément les rumeurs sur le choix de l'élection du Chef d'Etat qui serait élu à travers le suffrage indirect ou par le Parlement angolais. Pour lui, "c'est une façon de garantir les promesses faites par le parti durant la période électorale 2008, notamment pour garantir le bien-être de la population".
Aujourd'hui en Angola, le MPLA est le premier parti majoritaire. Un parti qui a une très longue histoire à rappeler ici.
La genèse des origines de ce parti au povoir remonte de très très loin, vers les années cinquantes.
Dans les années de la Deuxième guerre mondiale de 1939-1945, déjà, les Angolais "assimilés" ont commencé à évoquer l'idée d'une résistance culturelle, pour contester à cette emprise culturelle portugaise, étouffant la culture angolaise spécifiquement africaine. Et que le Portugal colonisateur tentait déjà de gommer pour imposer la culture européenne angolaise pour tous les Angolais "assimilés" (Assimilados). L'idée coloniale était simple, d'avoir à la disposition des Africains noirs totalement dépouillés de leur africanité. Formés des Angolais totalement blanchie mentalement, haïssant leur propre race noire ! Un travail pschologique d'aliénation mentale par l'instruction.  Les premiers à contester cette politique d'assimilation furent justement ces "assimilés". La plupart d'entre eux, étaient des Noirs Angolais, puis les rejoindront dans un premier temps, les métis ou les mulâtres, ensuite des Blancs pauvres nés en Afrique, en Angola. Cette résistance culturelle des "Assimilés" les surprenait. "On donne l'instruction à ces Nègres et voilà comment ils nous remercient, nous, les civilisateurs !", regrettaient les colonisateurs Blancs Portugais. Or, lorsque ces Noirs ou Assimilés revendiquaent leurs origines culturelles, ce n'était pas pour contester ou rejeter la culture blanche européenne, ou occidentale, mais la façon, la pratique, ou la methode coloniale, d'imposer la culture dominante européenne aux Africains. Une culture lusitanienne qui était loin d'être parfaite ni exemplaire. On classifiait des individus selon leur race, et on les obigeait d'oublier ou rejeter leur propre personnalité culturelle originale ! La culture locale du pays était bannie, tout comme les langues angolaises et africaines. Une réaction toute à fait épidermique, donc normale, pour préserver la dignité. 
Ces assimilés commencèrent à revaloriser cette culture africaine que le colonisateur niait, tout en utilisant la langue portugaise pour exprimer leur ressentiment. Une manière de mieux faire passer leur message de contestation. Et qui n'avait rien à voir à la haine du Blanc, encore moins de sa culture importée. Il était apparu des Blancs bon teint, qui réappropriaient des langues africaines pour s'exprimer au grand étonnement des autres Blancs européens ébahis : < Mierda !...qu'est-ce que c'est que ce charabia nègre ? Cette langue de "câo" (chien), et de "macaco" (singe) !!! > Le malentendu s'installa. Il faut dire aussi, qu'en ce temps-là, beaucoup d'Africains (Noirs Angolais), étaient totalement coupés dès leur jeune âge, et ignoraient la langue de leurs parents, et encore moins les cultures de leurs propres pays d'Angola. La plupart d'entr'eux se prenait, se "pensait" Portugais, et plus amusant, "Blanc". Des exemples humoristiques et drôles dans ces histoires sont foisonants. On en rit encore de ça dans les villages angolais. Il fallait à tout prix pour les familles, de "récupérer" au plus vite ces "enfants-perdus" culturellement. Le courant contestataire des "Assimilés" angolais commençait aussi d'inquiéter le pouvoir colonial qui ne savait plus comment stopper cela, sinon par la répression. 
Les intellectuels angolais, toutes races confondues, à adopter un discours différent, mettant en valeur les richesses de la culture africaine pour les Angolais, et surtout sa spécficité dans l'univers colonial portugais. Commencé à Lisbonne, au Portugal, ce courant littéraire atteignit rapidement l'Angola et l'Afrique lusophone. La province d'outre-mer portugaise d'Angola, commença sa révolution culturelle. Parler portugais ne signifiait plus s'assimiler aux Portugais ni à leur culture, mais adopter une langue et la remettre à sa juste valeur de langue de communication. Les Blancs Angolais étaient encore plus radicaux et exigeant, tout en revendiquant leur spécfiité d'Européens d'Afrique, qu'ils se sentent plus proche. Certains d'entre eux n'avaient jamais pris l'avion ou connu l'Europe, encore moins le Portugal métropolitain ! Ils se sentaient "Africains". Les "Assmilados" ont été donc les premiers lettrés à prendre conscience de leur africanité. Contrairement aux idées reçues sur eux.
Dans les années cinquantes, le courant de l'"Angolanité" de ces assimilés, était encore plus fort, et palpable. Il suffit de relire la littérature de ces années-là. Dans les années 1950, les assimilés s'organisaient au nez et à la bare du pouvoir colonial, tenant des réunions autour de ces  "Associations Culturelles" et des "Clubs africains d'Assimilados". Au grand désespoir du pouvoir colonial qui voyait de mauvais oeil toute cette agitation culturelle. Les colonisateurs portugais se méfiaient avec raison. Au vu de l'impact de leurs activités culturelles.  Le pouvoir colonial commença par dissoudre ces associations et clubs, et d'arrêter leurs leaders.
Ceux qui ont pu en échapper, entrèrent en clandestinité. Ils se réunissaient dans les quartiers populaires et pauvres de cette ville de Luanda sous la colonisation. Un risque terrible dès qu'ils étaient découverts. Beaucoup se sont retrouvés en prison. Incarcerés, l'idée de reclamer l'indépendance germa dans les esprits de prisonniers. On commença à parler beaucoup de politique, et certains fondèrent un mouvement indépendantiste qu'ils vont nommer : " Mouvement Populaire pour l'Indépendance de l'Angola", le MPLA. Nous sommes déjà alors en 1956. 
La repression coloniale battait son train. On arrêtait tous ceux, soupçonnés ou pas, qui évoquait le mot "indépandance". Les Etudiants de Lisbonne et d'ailleurs se ramifiaient et se sentaient concernés par cette nouvelle idée de libération du pays. Le MPLA commença à s'organiser et tenait des réunions et meetings politiques, là c'était possible. De ces réunions, un "Manifeste" paru clandestinement à Luanda, où les Nationalistes Angolais étalaient leurs souffrances et revendications politiques. Ils lancent un appel à la revolte et à la résistance :
" < Nous sommes humiliés en tant qu'individus et en tant que peuple>, signale notamment le Manifeste, qui dénonce la nouvelle orientation de la politique coloniale portugaise fondée sur les tentatives de génocide d'assistance sanitaire et l'effroyable taux de mortalité infantil. < Ces temps derniers, ajoute le Manifeste, l'oppression colonialiste portugaise s'aggrave du fait de la pénétration (par l'entremise des colonialistes portugais) et de la domination du capital financier, des monopoles et trusts internationaux.>
< Devant une telle situation il invite le peuple angolais à s'organiser et à lutter sur tous les fronts et dans toutes les conditions, pour la liquidation du colonialisme portugais afin de faire de l'Angola un Etat indépendant et d'instaurer un gouvernement démocratique, un gouvernement de coalition de toutes les forces qui ont combattu le colonialisme portugais.>
Le Manifeste rappelle également que <...le colonialisme portugais ne tombera pas sans une lutte acharnée. Ainsi, il y a un seul chemin pour la libération du peuple angolais : celui de la lutte révolutionnaire. Mais cette lutte révolutionnaire ne pourra atteindre son objectif qu'à travers un front unique de toutes les forces anti-impérialistes de l'Angola. Ce mouvement ne sera pas toutefois le résultat de l'appartenance de tous les patriotes angolais à une seule organisation ou association. Le mouvement constituera la somme des activités des organisations angolaises.> Source : Mario de Andrade, "Littérature et Nationalisme en Angola" Revue Présence africaine", édité à Paris en 1962. (2è trimestre). Cité dans le livre de l'Angolais Mario de Souza Clinton, "Angola libre ?", Editions Gallimard, Paris 1975, page 171.
Commencé par un mouvement littéraire, les étudiants angolais assimilés, publient d'abord une éphemère revue culturelle "Mensagem", puis quelques romans, poèmes, et quelques articles, et enfin, ce "Manifeste" du MPLA.
Un mouvement politique était né. Les grands signataires de ce Manifeste sont : Viriato da Cruz, Agostinho Neto, Mario de Andrade, Lucio Lara, et quelques autres.
En janvier 1961, commencent les agitations syndicales, finalement très politisées, qui aboutiront à une révolte des Noirs et quelques métis. Le pouvoir colonial est averti, les Angolais sont déterminés d'aller plus loin.
Le 4 février de la même année, c'est une véritable insurrection populaire spontanée s'abat sur la ville de Luanda. Les prisons s'agitent. Le peuple descend dans la rue et la manifeste change de nature. On s'attaque aux symboles du colonialisme portugais. Cette fois le pouvoir réagit. Ce qui provoquent des massacres de part et d'autres. Il y aura de toute façon des morts et des blessés. Surtout parmi les Noirs. La police procède à des arrêstations massives. On remplit les cachots et les prisons, tout en exilant les éléments les plus politisés. Beaucoup finiront loin du pays, aux îles du Cap-Vert, ou encore dans les prisons de Lisbonne, au Portugal.
L'idée de l'indépendance se propagea dans tout le pays. En mars1961, le Nord du pays se révolte. L'armée est depêchée sur place et tuent les paysans angolais, brûlent les cases et les villages. Un génocide qui indigne la communauté internationale. Les images atroces des tueries et massacres de l'armée portugaise font le tours du monde. L'ONU est saisie de la situation et du drame du peuple angolais qui réclame l'indépendance.  Le Portugal est condamné au Conseil de sécurité. Un isolement international qui fait fléchir les positions du colonialisme portugais. Les Angolais restent déterminés dans leur revendication pour obtenir leur indépendance. Pour y arriver, ils ont tout fait : guérilla sporadique, sabotages, grêves, paralysies de la vie économique et sociale de cet Angola colonisé. Tout pour faire plier le système colonial. Les jours du colonialisme portugais étaient comptés.
Un événement va tout accélérer, et nous sommes en 1974 et au Portugal. Une "révolution des oeillets" amorcée par les officiers de l'armée portugaise qui va faire tomber la dictature. C'est cette révolution qui va porter le mouvement indépendantiste africain et l'accompagner. Ce soutien va précipiter l'accession vers l'indépendance.
Le 11 novembre 1975, l'Angola obtient enfin son indépendance et sa liberté. Pour les Angolais, c'est la victoire.
Hélas, pour une très courte durée. Très vite, les trois mouvements indépendantistes vont se concurencer et mener une geurre pour la reconquête du pouvoir. Une partie de la population campagnarde n'avait pas confiance au mouvement MPLA porté par le président proclamé par Agostinho Neto. L'image urbaine du MPLA collait à ses dirigeants. Il fallait pour la direction du parti MPLA au pouvoir, de transformer ce MPLA en un mouvement populaire. Le chemin fut long. Il fallait expliquer et convaincre dans une situation conflictuelle entre Angolais. Le temps fut trop long pour fédérer les diverses opinions angolaises d'accepter le projet politico-social du gouvernement MPLA à Luanda. Les Angolais se méfiaient de ce parti-Etat, composé des "Assimilados", souvent coupés de la base populaire et authentique de l'Angola africaine. La plupart était des métis et des blancs dont l'image rappelait au plus campagnard du Blanc colonisateur portugais. On assimilait donc "ces gens du MPLA" des suppots du colonialiste portugais. Evidemment c'était éronnée comme image carricaturale. Il a fallu un travail d'information et de pédagogie civique pour convaincre le plus analphabète des Angolais. (A savoir, que, si le Portugal n'a pas su donner de l'instruction suffisante, et que, 97% d'Angolais étaient analphabètes, ou n'avaient pas  suffisament fait d'études, le système colonial portugais a surtout,  'racialisé' le pays, métissé le peuple angolais. Très peu ne savaient  ni lire, ni écrire, mais parlaient parfaitement le portugais !)
C'est là l'erreur du MPLA, son échec, de ne pas avoir pu développer la communication et l'information. Le parti a trop longtemps laissé développer la méfiance, encore plus, accentuer les souspicions à l'encontre de ses dirigeants. Trop de préjugés ont séparés les Angolais. Les plus extrêmistes, (et parmi les plus analphabètes), en sont arrivés à propager des idées fausses, voire horribles, sur les membres et dirigeants du parti-Etat du MPLA. Des fanatiques-nationalistes et illuminés aveuglés, n'ont pas hésité de basculer dans la xénophobie, voire même, dans le racisme primaire entre Angolais. Un cas parmi tant d'autres, les détournements dans les tout premiers gouvernements du MPLA, dans lequel certains ministres ont détournés de l'argent et qui ont fui vers le Portugal, avec l'argent de l'Etat. Pire, ils avaient tous la double nationalité : Angolais et...Portugais. "Voilà, on vous disait qu'ils sont tous des étrangers qui sont au gouvernement. A la moindre crise, ils fuient au Portugal ou au Brésil, démontrant par là leur absence de patriotisme !" Les critiques n'ont pas manqué sur les uns et les autres. Même le président José Eduardo n'a pas échappé aux balivernes publiques. Pour l'illustrer, certains qualifiaient sans preuve, les origines sao-toméennes du président ! Oubliant de se référer à l'histoire coloniale portugaise qui a souvent adopté la politique de la déportation et de l'esclavage. Quand bien même si cela était vérifiable, les Angolais ont été déportés dans les îles du Sao-Tomé et  Principes, pour y travailler en tant qu'esclaves et travailleurs sous-contrats, non seulement à Sao-Tomé, mais aussi aux iles du Cap-Vert. En  Angola même, plusieurs personnes sont venues d'ailleurs : Portugal, Brésil, Guinée-Bissau, Cap-Vert, Sao-Tomé, Mozambique, voire même des Tamouls de l'Inde, ou Timor, ou encore de Goa ! Et ils sont tous aujourd'hui "Angolais".
Le MPLA a commis encore cette erreur d'intégration des fils ou filles de réfugiés Angolais nés en RDCongo, ou leurs descendances. Ce qui a crée aussi des incompréhensions et des rejets d'une bonne partie des Angolais de l'extérieur. Une xénophobie, (rappelons les excès de la chasse aux 'Zaïrens' à Luanda, et les tueuries de triste mémoire). Ainsi que certains débordements, qui ont fait partir certains vers un autre pays d'exil. Il a fallu du temps pour appaiser toutes les tensions. Le MPLA a dû mener de front des batailles sociologiques pour changer son image et de se présenter comme un parti cosmopolite ouvert à tous les Angolais, multiethniques, indépendament de leurs origines raciales ou tribales. Même si les tensions se sont apaisées depuis, rien ne dit que les préjugés ont totalement disparus. Le gouvernement doit poursuivre cet effort pour avoir la confiance des uns et des autres, et surtout faire revenir au pays, les égarés, toujours en exil à l'étranger. 
La réhabilitaton du MPLA, parti-Etat au pouvoir, présidé par José Eduardo dos Santos, s'est fait dans la douleur. Il ne faudrait pas baisser les bras. Il faudrait encore plus d'intelligence du chef de l'Etat pour réunir "la grande famille angolaise". Les récents succès électoraux ont contribué à redorer le blason de ce parti et lui faire admettre que le MPLA est réellement un parti véritablement angolais, ouvert à tous.
Après trente ans de pouvoir, le président José Eduardo dos Santos risque de marquer profondément l'histoire riche de l'Angola. Un homme dont rien ne le prédisposait à briguer ce poste de président durant trois décennies. Sa rélection est plus que probable et certaine. Le prochain Congrès du MPLA en 2009, sera aussi une occasion pour le parti de lui rendre un grand hommage d'avoir ramener la paix en Angola, et surtout, de faire de sa patrie ANGOLA, est un pays très prospère.
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commentaires

A
Merci pour la visite.
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P
Je souhaite que ce beau pays accède à la démocratie. <br /> <br /> Paul
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P
Je souhaite que ce beau pays accède à la démocratie. <br /> <br /> Paul
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P
Monsieur Yoroudia, je ne vous connais pas mais, Je lis attentivement vos commentaires et je peux vous affirmer à moins qu'on soit fou, malade mentale ou fanatique pour soutenir les comportements de l'Etat juif d'Israël. Monsieur, je suis Français. Le conflit israëlo-palestinien, c'est loin de mon pays et je n'ai rien à foutre qu'ils se tirent entre eux. Lorsque j'allume ma télé et vois les armes ultrasophistiquée de l'armée d'Israël, fournies par nous les Blancs occidentaux, contre les armes artisanales des arabes du Hamas, en tant qu'être humain, je condamne de toutes forces les morts des Palestiniens à Gaza et que les Juifs se comportent comme des nazis qu'ils connaissent bien et se vengent contre les plus faibles pour une terre que nous Français et les autres ont bien voulu donné aux Juifs après la guerre. Je suis contre cette guerre. Je sais que vous êtes probablement Juif et vous êtes contre votre peuple d'origine. Je ne peux que vous soutenir et tous les juifs qui sont contre ce gouvernement fasciste et assassin !<br /> Philippe P.<br /> (Français).
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A
Très bel article...<br /> On apprend des choses.
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