Province du Soudan, le Darfour est une région qui a attiré l'attention de l'opinion du monde entier par ses problèmes de réfugiés noirs, affamés, errants, et finalement, parqués dans le désert, dans des campements de forturne, et aussi victimes de razzias des islamistes nordistes soudanais. Alors, pourquoi le Darfour ? Pourquoi le Soudan ?
Commençons par le pays. Le Soudan est le plus vaste pays d'Afrique. Avec ses 2.506.000 km2, le Soudan est le premier plus grand pays du continent africain. Sa population est estimée à 30.000.000 d'habitants. La langue officielle est l'arabe. Mais l'anglais reste aussi la langue usuelle. Karthoum en est la capitale. Port-Soudan est le plus grand port martitime et la ville la plus importante du pays. Les autres villes sont : Ouad-Medani, Atban, Omdurman, Juba, Kodok, Gedaref, El-Fasher, Kassala. La particularité du pays est que le Nord est fortement islamisé tandis que le Sud est christianisé. Le Soudan est un pays des Noirs, avec quelques métissages des arabes.
En 2007, le Soudan est devenu le 5è pays producteur de pétrole d'Afrique. Pour comprendre le Soudan, il faut bien sûr remaonter à son histoire. Et depuis l'antiquité.
Son histoire, depuis l'antiquité, se confond avec celle de "Pays de Kush", la Nubie. Les Nubiens sont une peuplade du Soudan de l'Egypte ancienne, installée dans la Vallée du fleuve Nil, et non-arabisée. Les Arabes sont arrivés en Afrique et se sont installés en Egypte, dès le VIIè siècle.
Méroé est la capitale de la Nubie dès le VIè siècle, mais sera détruite par les ' Ethiopiens'.
Du VIIè siècle au XIVè siècle, la Nubie est convertie au christianisme mais ce sont des Arabes établis en Egypte qui vont mener une guerre contre les Nubiens pour les islamiser de force. Comme ce fut le christianisme quelque temps auparavant.
L'Egypte islamisé, repeuplé par des Arabes, avec son vice-roi Méhémet-Ali, conquiert la région de la Nubie, de 1820 à 1840. Mais la Grande-Bretagne va à son tour occupé l'Egypte en 1822.
Vers 1823, la Grande Bretagne devra affronter l'insurrection du Mahdi, dont Kitchener écrase finalement les troupes à Ondurman, près de Khartoum, en 1898, avant d'obliger les Français de la colonne Marchand, et qui progressaient, de se retirer de la ville de Fachoda. Sommée d'évacuer Fachoda, la mission française due reconnaître l'échec et s'incliner devant la force et l'autorité britanique dans toute la totalité de la région du bassin du Nil, en 1899. D'ailleurs, "l'affaire de Fachoda" (aujourd'hui Kodok, ville au centre du pays soudanais), marquera l'histoire coloniale de l'aventure française dans cette région. C'est durant cette dernière année précitée que le Soudan devient un ' condominium' anglo-egyptien.
Il fallait attendre jusqu'en 1956, pour voir le pays du Soudan proclamer son indépendance. Et comme toujours, partout en Afrique, selon les colonisateurs, une indépendance se donne mais ne s'arrache pas. On verra que par la suite, cette vérité s'est véritfiée, puisque les anciens colons n'ont pas accepté cette liberté des Soudanais de devenir un Etat souverain et indépendant. Ceux-ci feront tout pour que le pays soit instable, malgré les différents régimes qui vont se succéder. L'instabilité d'un pays colonisé profitant toujours aux néocolonisés, toujours près à revenir pour exploiter. Dix ans des régimes civils ou militaires, vont se succéder sans jamais apporter la paix, le progrès ni la stabilité : des coups de force, entre 1958 jusqu'en 1969. L'année où le général Djafar al-Nimyari (ou Djafar el-Nimeiri) dirigea un coup d'Etat militaire, et mit en place un régime d'inspiration socialiste.
Le Sud du Soudan connaîtra des insurrections, avec une rebellion armée sudiste, (une partie de l'armée dominée par les Noirs christianisés) qui refuse l'autorité d'un gouvernement dominé par les musumans (ou les arabisants), et qui veulent appliquer une politique d'islamisation de tout le pays Soudan.
Au bout de cinq années d'une lutte sans merci, acharnée, entre les Musulamans et les Noirs chrétiens, le gouvernement de Khartoum finit par signer un accord de paix.
En 1977, un autre accord de réconciliation nationale permet le retour au pays des leaders de l'opposition islamique en exil. Mais le régime veut toujours appliquer les lois islamiques et la charia dans tout le pays.
En 1983, les combats reprennent, avec plus d'intensité, au Sud du Soudan, après que les dites-lois inspirées de la Charia soient adoptées. Le Soudan vit dans les tensions réligieuses.
Deux ans plus tard, une insurrection populaire renverse le régime de Djafar el-Nimayri. C'est un gouvernement civil qui prend la place dans la capitale, Khartoum. Il est dirigé par Sadiq al-Mahdi. Pas pour longtemps.
En 1989, les militaires reviennent pour s'accaparer du pouvoir et d'instaurer unrégime autoritaire, à tendance islamiste.
Entretemps la guerre au Sud fait de plus en plus rage. C'est le colonel noir chrétien et sudiste, John Garang, qui prend les commandements. Ses troupes occupent des vastes territoires du Sud. Garang est soutenu par l'Occident chrétien. L'armée soudanaise n'arrive plus à mâter cette rebellion sudiste. Le gouvernement va utiliser une autre arme. Toujours très puissante dans des pareilles situations : la politique de privation alimentaire dans ces régions des Noirs du Sud du pays. Une politique délibérement appliquée pour affamée les civils, déjà réfugiés sur leurs propres terres. Les femmes et les enfants en seront les grandes victimes. L'opinion internationale découvre des camps de fortune d'où s'entassent des milliers de corps chétifs, affamés. Des reportages montrent des villages détruits par des bombardements aériens. Des enfants aux ventres ballonés, squelettiques, orphelins, errants seuls dans ce désert aux cases enfumées par les bombes de l'armée. Les populations noires du sud-soudan sont durement touchées par les famines, qui les obligent des fuir ou quitter leurs villages, à la recherche des terres moins désolantes. Les indignations commencent à gagner le monde.
Les élections seront organisées en 1996, malgré tout, et c'est le général Umar Hasan al-Bachir, au pouvoir depuis 1989, qui remporte cette élection présidentielle. C'est une junte islamiste soudanaise qui veut réduire à néant cette résistance sudiste, toujours active dans le pays. Elle n'y parviendra pas non plus.
Le régime de Khartoum, par connivence, ou par complaisance, sera soupçonné d'organiser des raids esclavagistes pour réduire les Noirs non-islamisés à l'état de bêtes sauvages. Nostalgiques des siècles d'esclavages dont les Arabes se sont illustrés jadis en Afrique noire ? En tout cela va perpétuer les errances, les exodes, et les famines, voire même des guerres religieuses, au Soudan islamisé. Les populaitions du Nord comme du Sud seront les otages de cette guerre dont personne n'a souhaité l'intensification. Otages à la fois du régime de Khartoum, et des chefs de guerre islamiques ou chrétiens. Les Américains, toujours présent là où sentent l'or noir, ont flairé les avantages de soutenir les insurgés, ou les rebelles surtout chrétiens du sud. Tout cela en vue d'abattre ce régime de Khartoum décidement très rebelle à leur hégémonie dans le continent.
Ainsi donc, tous les pays occidentaux vont s'y intéresser, comprenant les enjeux qui se préparent. Les Américains le savaient depuis fort longtemps : le Soudan a des reserves de pétrole. Son sous-sols regorge des minerais de toutes sortes, et en premier lieu, l'or noir. Plusieurs compagnies pétrolières vont d'ailleurs s'approcher du régime de Khartoum, pour y faire des affaires juteuses. Elles vont réussir à signer des contrats d'exploitation.
L'importance du Soudan comme potentiel producteur du pétrole s'accroit. Les découvertes de gisements se succèdent périodiquement. Les reserves prouvées de pétrole soudanais qui étaient de 300 millions de barils en 1991sont de 6,4 milliards de barils en 2007. On prédit le doublage dans une décennie. Les Américains déjà présents, ont une certaine longueur d'avance par rapport aux autres concurrents. Présents, puisque dès 1980, le Soudan avait attribué le premier bloc aux compagnies pétrolières américaines Total et Marathon. Deux entreprises très puissantes dans ce domaine. Total détient 32,5% du consortium où elle est associée avec Kuwaïti Kufpec Sudan Ltd, une entreprise publique soudanaise, et Nilepet (Sud-Soudan). Signalons que la recherche et l'exploitation du bloc avaient été abandonnées par Total en 1985, à cause de la guerre au Sud du Soudan.
En 2006, 400.000 barils produits par jour ; et 500.000 barils par jour en 2007. L'essentiel de cette production est exportée, la consommation étant de 100.000 barils par jour.
Plusieurs pays, avions-nous dit, s'intéressent au pétrole soudanais. Outre les Américains déjà connus, on y trouve aussi des Anglais, des Français, des Pays arabes, et des pays d'Asie.
Comme par exemple, la Pétronas, une entreprise publique malaisienne. Mais la grande majorité actuelle du pétrole soudanais est produit par la "China National Petroleum Corpoation, avec 64%, qui a la majorité de deux principaux consortiums de production.
La Chine, depuis ces dernières années, s'interresse un peu plus du continent africain. Le vide crée par la politique néocolonialiste des anciens colonisateurs est le résultat probant de l'arrivée de ce grand pays d'Asie. Ce pays qui veut s'industrialiser, se développer et s'enrichir, comme les autres pays de l'Occident. La Chine est un pays ambitieux. Elle a besoin des matières premières qui ne lui suffisent pas. Il faut diversifier ses provisions. Le regard se tourne donc vers cette Afrique toujours vierge. Ce continent qui a des réserves, que tous les pays qui veulent rester perfomants sur le plan de compétivité ou d'industrialisation, devraient s'y intéresser. Pays jadis communiste, la Chine a étonné par sa labeur. Elle a rattrapé les grandes puissances et on lui prédit de dominer le monde dans les années à venir. Alors, comme tout pays qui veut rester un grand pays, il faut conquérir les marchés. L'Afrique, pour l'heure, n'est pas un marché intéressant pour déverser les produits de luxe. Donc, ce continent reste encore un pays d'exploitation. Et à réconquérir. On y va, non pas pour faire des affaires, mais faire "ses" affaires". Aussi communistes et Chinois qu'ils soient, les Chinois sont aussi des conquérants des temps modernes. Il ne faut pas se leurrer. A la seule différence, la Chine a opté pour la politique du donnant-donnant : " Je vous achète vos produits, en échange de ma contribution pour vous aider à se développer". Le tout contraire de la politique coloniale d'hier, axé sur l'exploitation sans vergogne des matières premières. Et cette politique de coopération chinoise a séduit les Africains, qui se mettent à rêver.
Les Américains et les Européens qui se méfient toujours des Chinois, ne voient pas de bon oeil cette arrivée sur leur chasse-gardée africaine. Mais les Chinois du temps de Mao et des idéologies communistes ne sont plus les mêmes, c'est une époque revolue, l'heure est aux affaires. La compétivité. La performance. La loi du gagnant-dominant. L'intérêt soudain des Chinois pour le Soudan inquiète et on l'accuse de tout. Les Chinois rejette toutes ces accusations et disent que leur pays, la Chine n'est pas un pays néo-colonilal. Ils y vont faire des affaires comme tout le monde. Pourquoi la Chine ne ferait-elle pas comme tous les autres ? Pourquoi ne s'intéresserait-elle pas à cette manne pétrolière africaine ? Il y a trois ans, un autre pays voisin du Soudan, le Tchad, avait reveillé l'intérêt des occidentaux après la découverte des réserves pétrolières, et d'importants gisements. En 2004, le rythme de commercialisation du pétrole tchadien s'élèvait à 250.000 barils par jour.
Pour le Soudan, en 2007, les réserves sont encore plus importantes avec ces près de 7 milliards de barils !
Pour le bloc 13, sur la Mer Rouge, l'entreprise chinoise CNPC, associée avec Pertamina, de l'Indonésie, a signé deux autres contrats avec le gouvernement soudanais. Depuis 1999, Paris fait aussi les yeux doux à Khartoum. Le pétrole soudanais intéresse la compagnie pétrolière française ELF. Il y a aussi des Allemands et des Italiens, déjà présents dans le pays. Tous les pays se sont rapprochés du régime de Khartoum, malgré certaines accusations sur les violations de droits de l'homme dans ce pays. On ferme les yeux car le business c'est le business ! Faut pas mélanger les genres. Aux politiciens, la politique ; aux multinationales, les affaires.
Pour des raisons purement économiques, le Soudan veut garder ses relations avec l'Occident. Mais les Américains veillent au grain. Contrairement à l'image médiatique qui diabolise tout, les Américains sont bien au Soudan, et ce malgré les divergences politiques, ils veulent que le Soudan reste un partenaire secret qui peut être utile dans leur lutte contre ceux qu'ils qualifient de "terroristes". Les Etats-Unis ont besoin du Soudan. Surtout pour sa lutte antiterroriste. Les Américains veulent liquider tous les extrêmistes islamistes, d'où qu'ils soient. D'où qu'ils viennent. Depuis le 11 septembre, (date de l'attentat des avions kamikazes contre les deux tours jumelles de New-York), les Amércains sont obsédés et angoissés, ils vivent dans la hantise et le traumatise d'une nouvelle attaque des islamistes d'Al-Qaïda. Ils cherchent des ennemis partout. Ils mènent depuis une lutte sans merci contre le mouvement islamiste de Ben Laden. A commencer par l'Afghanistan et en Iraq, où ils font la guerre.
Le Soudan veut vendre son pétrole et a besoin d'argent. Les Amércians sont des gros consommateurs de pétrole et des bons clients. Et surtout le Soudan veut soigner son image d'un pays-paria, terreau des islamistes. Pour cela, il a besoin des occidentaux et de leurs médias qui modifient éffficacement les images. Alors, pourquoi pas donner un coup de main au satan américain (comme disent les Iraniens) ? Ainsi donc, les services secrets américains sont très actifs dans la région. Ils cherchent à localisser les islamistes et les traquent. Le Soudan joue un rôle, comme les Américains attendent d'eux. Les Américains pistent aussi les responsables du tumulte en Somalie, tout en cultivant des contacts avec les milices et les cours islamistes afin de localiser et identifier les suspects sympathisants d'Al-Qaïda. Des services sont rendus par des pays-amis, Soudan, Ethiopie, Kenya, Egypte. En retour de ces services rendus, l'image du régime islamique de Karthoum tend donc à se modifier.
Les Américains sont des gens très intelligents. Ils savent distinguer car pour eux, les dirigeants de ces dirigeants islamistes qui sont Afghans, Jordaniens, Yemmenites, Irakiens, Jordaniens ou Saoudiens, ne ressemblent en rien aux dirigeants musulmans de leurs pays respectifs. Le Soudan reste donc un partenaire utile, économique et stratégique, pour l'Amérique. La politique est simple : donnant-donnant, achat de pétrole contre renseignements sur les extrêmistes musulmans.
Sur le plan humain, le pétrole vaut plus que tout autre considération. Certains pays occidentaux ferment les yeux sur les comportements des dirigeants soudanais et leur politique au Darfour. Le drame humain qui se déroule encore aujourd'hui au Darfour doit continuer à mobiliser les opinions internationales. On a vu l'année dernière cette catastrophe de la famine et l'exode des populations sur le désert. Les villages de fortune parqués ici et là ne sont pas digne de cette communauté internationale. Il faut plus de moyens pour que ces images disparaissent de nos vues. Il faut plus d'hommes et de femmes pour sécourir ces Soudanais parqués dans ces camps de réfugiés de la faim. Les Seigneurs de guerre de tous bords doivent être neutralisés, et au besoin arrêtés et traduits devant le tribunal international de La Haye. Les guerres et les massacres des civils par ces factions armées soudanais, ou autres, musulmans ou pas, sont responsables de ce génocide sans nom. Les Seigneurs de guerre qui servent de relais avec des puissances extéreiures pour les pillages de minerais soudanais et africains, doivent être dénoncés. Les marchands d'armes qui arment ces assassins sont aussi coupables que leurs sbires, et doivent être dénoncés, à défaut d'être arrêtés. Car les armes qui sont en Afrique ne sont pas fabriquées par des Africains mais vienent bien de quelque part, d'ailleurs. Alors, si l'on veut réellement se montrer humain, et donneurs de leçon de l'humanitaire, commençons par dénoncer les marchands d'armes pour l'Afrique, et démanteler les usines de fabrications de ces armes de la mort. Savez-vous combien de mines deversées lors des combats au Soudan, en Sierra Leonne, au LIbéria, en Angola ? C'est du génocide !
L'extérmination par la faim, (pour reprendre la formulation de François-Xavier Verschave, auteur des excellents ouvrages sur la françafrique, notamment l'ouvrage "Noir Silence", aux Editions Les Arènes), oui, l'extérmination par la faim ou par les armes, ne peut plus se poursuivre en Afrique. Ni ailleurs, non plus.
Le Sud-Soudan, de par sa guerre, a vu une bonne partie de sa population se déplacer, quitter leur lieux d'origine, leurs villages millénaires, pour se diriger dans des endroits peu vivables, que ce soit au Nord, au Sud, à l'Est ou l'Ouest. Les réfugiés soudanais sont aussi dans des pays voisins comme l'Ethiopie, le Kenya, l'Uganda, la RDCongo, la Centrafrique, le Tchad ou la Libye. Il faut mettre fin à cette vie de réfugiés intérieurs en Afrique.
En février 1998, le régime soudanais de Khartoum a précipité la famine en bloquant durant deux mois tout ravitaillement aérien. Les convois humanitaires ne parvenaient plus à rejoindre les lieux ou campements de réfugiés soudanais déjà harcellés par les bandits et les Seigneurs de guerre, sans oublier l'armée du gouvernement islamiste de Khartoum. Ce qui a crée plus tard le drame que l'on vit aujourd'hui au Darfour.
Un malheur n'arrivant jamais seul, le Sud du Soudan n'est pas le seul foyer de drame qui se vit dans ce grand pays. Tout le long du fleuve Nil, les populations survivent grâce à l'eau. Que cela provienne du Nil Blanc ou du Nil Bleu. Or, la construction d'un barrage, appelée Barrage de Merowé, de la 4è Cataracte, au Nord-Soudan, sur le Nil, a obligé les population à se déplacer. Le gouvernement central de Khartoum avait demandé à la Chine d'effectuer des travaux. Soutenue par la banque chinoise Exim, elle est exemptée de toutes les lois des accords de paix. Selon le Bulletin ' Vigilance Soudan' (n°143), on peut y lire que, <Responsable du projet, l'Unité de Mise en oeuvre des Barrages est sous la direction d'un ministre fédéral et la supervision directe de Béchir. (...) Elle a ses propres armées, forces de sécurité, comptes secrets, etc. Elle a décidé de déplacer vers les déserts de la Bayouda et de Nubie, plus de 70.000 fermiers qui vivaient le long du Nil.>
En 2003, des petits groupes de femmes et d'enfants du village de Korgheli, site du barrage, manifestèrent contre leur déplacement forcé vers le désert ; la milice ouvrit le feu et fit de nombreux blessés. Au cours des semaines suivantes, leurs maisons furent détruites et ils furent relogés à Al Multaga, un lieu désertique dépourvu des conditions élémentaires à la vie.
Trois ans durant, la région ne connaîtra plus jamais de répit. Les travaux du barrage se poursuivent malgré tout, malgré la résistance de la population. Le conflit ouvert au Nord, par cette construction du barrage de Mérové, risque de s'ajouter aux autres drames encore non-résolus, comme celui de Darfour. Les découvertes, dans différentes régions soudanaises, de gisement de pétrole et de reserves d'eau, ne finissent pas d'intérroger les observateurs.
A ce propos, la découverte de traces d'un immense lac souterrain de 30.750 km2, situé dans le Nord de la province soudanaise du Darfour, annoncée par les chercheurs du Centre de télédétection de l'Université de Boston, aux Etats-Unis, le 18 juillet 2007, n'est pas pour apaiser les tensions, ni les appétits, donc, ce n'est pas seulement une très bonne nouvelle comme on devrait le croire. La question est de savoir comment vont bénéficier les populations par cette découverte ? Grâce à des observations satellites, un plan d'eau remontant à l'Antiquité, recouvert par les sables, a pu être identifié. La présence de cette vaste nappe phréatique pourrait constituer une aubaine pour la région déjà désertique, et qui la guerre continuait à faire rage depuis quatre ans.
Pour certains, le conflit au Darfour est en effet, en partie, lié au manque d'eau. Disons plutôt que c'est bien wen partie car c'est plutôt le pétrole qui en est, pour l'heure, le véritable enjeu.
C'est vrai pour la population, l'eau est vitale. Comme dans toute cette région, depuis Israël jusqu'au Mali.
Enfin, le Soudan représente pour certains pays, une nouvelle manne pétrolière où les affaires, comme on l'a dit plus haut, et le pétrole, seront aussi importants qu'au Koweït ou en Arabie Saoudite. Partout où le pétrole représente un capital vital pour les industries occidentales. Seuls les intérêts comptent. Ainsi résument les stratèges des pays riches et grands consommateurs de pétrole, et qui veulent mettre la main sur ce secteur partout dans le monde. C'est ce que le très regretté F.-X. Verschave résumait en une seule phrase : < Maintenant que leur or s'écoule vers la mer Rouge, les peuples du Soud-Soudan sont priés de mourir discrètement.>.
Est-ce pour ralentir ces mouroirs que le monde occidental se mobilise enfin ? En tout cas, on note que la communauté internationale bouge enfin pour le Darfour. A Paris, le 25 juin dernier, le président français a invité le groupe de contact du Darfour. Il fallait discuter sur l'avenir de cette partie du Soudan. Ont été conviés et répondus à cette invitation : Condolezza Rice (USA), Angela Merkel (Allemagne), José-Manuel Barroso (Union européenne), les Sécretaires généraux de l'ONU, et de la Ligue Arabe, le représentant de la CHINE pour les affaires africaines, les représentants du Japon, de la Russie, et plus surprenant, aucun représentant de l'Union africaine, encore moins le principal intéressé le Soudan ! Bien entendu, le représentant de l'Union africaine s'est excusé, justifiant son absence car la date ne lui convenait pas. Mais alors, le Soudan ! A quoi a servi une telle réunion ? A les en croire, il était question de former une force hybride de l'ONU et de l'Union Africaine. Pas un mot sur un éventuel cessez-le-feu au Darfour, bien que l'urgence soit là et exigée. Ni encore sur l'interdiction du survol offensif du Darfour de l'armée soudanaise, encore moins de l'embargo sur les armes.
Le 15 et 16 juillet, c'est au tour de la Libye d'organiser une autre rencontre sur le Darfour. Cette conférence internationale était présidée cette fois-ci par les Nations- Unies et l'Union Africaine. Plusieurs pays étaient présents : les pays de l'Union Européenne, les Etats-Unis, la Russie, le Canada, la Ligue Arabe, la Chine, les pays voisins du Soudan (Egypte, Tchad, etc...) Il était question de concrétiser la feuille de route adoptée lors des précédentes réunions un peu partout sur le Darfour.
Au debut du mois d'août, une réunion de médiation doit se tenir à Arusha, en Tanzanie, avec tous les pays concernés par la situation de cette région meurtrie. Souhaitons qu'il se dégagera quelque chose de positive afin que le Soudan retrouve son intégrité, le Darfour sa dignité et la paix. Est-ce bientôt la fin de ce drame du Darfour ?