Rappel historique. Nous sommes aujourd'hui le mardi 11 novembre 2014. L'Angola fête son trente-neuvième anniversaire de son indépendance. Une date très importante pour tous les Angolais et leur pays.
Alors que l'on célèbrait cette journée du 11 novembre 1975, ailleurs les canons continuaient à tonner. Non pas pour la fête, mais bien la pooursuite de la guerre pour mieux signifier à tous que rien n'était encore acquis. Les Angolais vont encore souffrir avec des larmes et des blessures dans leurs chairs.
Pourtant celui qui prononçait le mot "indépendance" pensait en finir avec cette souffrances de cinq siècles sous le joug colonial portugais. La page néocolonialiste était loin de se tourner définitivement. Après le départ des colons, ses supplétifs allaient en plus les remplacer, non plus avec une bible mais avec des armes. Aidés en cela par un système très efficace : se mettre à l'ombre, avancer masqué.
Les Angolais qui s'entretuaient ne se rendaient pas compte qu'ils étaient des pions africains du système néocolonialiste et impérialiste qui se mettait en place avec des gens instruits certes, mais sanguinaires et assoiffés du pouvoir. Et qu'ils faisaient plus du mal à leur propre pays.
Dans la conscience de la majorité, l'obtention de cette libération nationale reste l'essentiel de la lutte menés. Tôt ou tard, les brébis gâleuses reviendront au bercail. Juste une question de temps et de la patience.
Ce qui était encore plus rassurant, parmi les Angolais demeurent et demeureront toujours cet esprit patriotique. Le nationalisme affiché confirmait cela. Le dénominateur commun de tous, cette question importante : quel sens voulions-nous donner à cette indépendance nationale.
Les autres questions ne manquaient pas non plus. Chacun savait que la route sera longue. Sommes-nous battus pour bouter les colons pour en arriver là ? Que faire plus tard de ce grand pays dont nous héritons ? Nous devrions apprendre à vivre ensemble et assumer nos acquis culturels. Savoir pardonner et se montrer à la hauteur des enjeux qui nous attendaient.
Bien entendu, on n'arrivera jamais à tout éffacer du point de vue historique. La genèse de ce passé nous hurle à tous aux oreilles de ce poids. Tout en sachant que l'effort de soi est de se dépasser. Divisés comme le furent les Angolais, il faut tous se mettre ensemble pour combattre nos propres démons du tribalisme, du régionalisme, du sectarisme et en un mot du racisme primaire.
Pour tenter de comprendre ces douleurs infusées par les doses néocoloniales, jetons tout de même un léger regard sans offenser les uns ni offusquer les autres. Par exemple. Quiconque a vécu à Brazzaville, au Congo, n'oublie pas les pourquoi de cette présence angolaise dans ce pays et les différentes agitations politiques, comme de l'autre côté du rive du fleuve qui porte le même nom. Et ce n'est pas un hasard si plusieurs conférences concernant l'Angola se sont déroulées dans ce pays-frère.
Le IXè Sommet des Etats du Centre et de l'Est africain, tenue à Brazzaville, du 31 août au 2 septembre 1974, et sous l'égide des Présidents Marien N'Gouabi (Congo), Julius Nyéréré (Tanzanie), Keneth Kaunda (Zambie), et Mobutu Sese Seko (RDC ex-Zaïre), avait pour but, d'abord de consolider la confiance entre les trois dirigeants angolais de trois tendances du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l'Angola).
Un accord fut conclu, qui mit en place une direction provisoire, dont la tâche sera de guider l'action politique de ce mouvement nationaliste angolais jusqu'au prochain congrès, qui se tiendra après l'indépendance du pays.
A savoir, que le Comité central comprendra trente-neuf membres du mouvement ; seize membre sont désignés par l'actuelle direction ; treize membres désignés par le groupe de la Révolte de l'Est.
Ensuite, le bureau politique de neuf membres désignés parmi les membres du Comité central et comprenant : trois membres désignés par le groupe de la Révolte de l'Est ; et enfin, trois membres désignés par le groupe de la Révolte Active.
Troisièmement, la présidence du MPLA sera confiée à Agostinho Neto. Les deux vice-présidences seront confiées à Daniel Chipenda et Joaquim Pinto de Andrade.
Et, finalement, le président et les deux vice-présidents seront dans le bureau politique. La nouvelle direction du mouvement politique, constituée comme il est indiqué, appelle tous ses militants et le peuple angolais à redoubler de vigilance pour que l'unité soit préservée et renforcée, à intensifier la lutte face à l'ennemi commun, qui est certes, le colonialiste portugais, mais aussi les Angolais néocolonisés, jusqu'à la victoire finale.
C'est ainsi qu'au beau milieu d'une crise grâve, un compromis miracle est signé. En examinant le nombre respectif d'élus au Comité central, il semble que le danger était grand de voir éclater le mouvement du MPLA. Mais, il s'agit d'une crise d'appareil qui se résoudra par une reprise en main au niveau de l'appareil du Mouvement.
Il y a peu d'échos chez les militants ou sympathisants, (sinon à l'Est, où Daniel Chipenda se replie). La direction semble déjà avoir choisi de résoudre les problèmes autrement. Quoi qu'il en soit, la direction provisoire ne fonctionnera jamais. Du 12 au 20 septembre 1974, dans le district de Moxico, la conférence inter-régionale des militants élisait son Comité central et son Bureau politique, en excluant les deux "révoltés".
La Direction de Agostinho Neto reprenait le Mouvement en main. Très rapidement, la 'fraction Chipenda' signera sa 'trahison'. Organisée sur une base géographique limitée (comme son nom l'indique), armée entr'autre par le Brésil, elle intégrera le FNLA (Front National de Libération de l'Angola), en février 1975.
Le cas de la "Révolte Active", est plus complexe. Si ses critiques peuvent apparaître fondées, elle se manifeste dans une période mal choisie. On appelera cela, 'les grandes manoeuvres néocoloniales'. Ses auteurs, militants de longue date, sont souvent des métis, blancs, ou des assimilés. Ce qui expliquerait les accusations sur un racisme règnant dans le Mouvement du MPLA.
Mais, ils sont coupés des masses et peuvent rivaliser avec les prestige du charismatique Agostinho Neto. Apparaissant publiquement au même moment que Daniel Chipenda, son 'Appel' ne trouvera qu'un faible écho, surtout chez les militants de base. son éviction ne provoquera aucun débat ni désaccord.
Depuis, ses membres ont 'décrochés', ou réjoint individuellement le MPLA. Si le Mouvement est légèrement affaibli par cette crise, la tendance dirigiste se renforce. Quant au prestige du mouvement dans le peuple angolais, il n'a souffert de cette crise d'appareil, comme certains l'auraient pensés. Victorieux, le Mouvement Populaire de Libération de l'Angola peut désormais avancer dans ce processus de la conquête nationale.
Le processus de décolonisation s'est finalement mis en marche. Pourtant, sur le terrain politique, le chemin reste encore à faire. Le Portugal colonial observait. Jouant parfois le double jeu. L'objectif restant de diviser pour règner. Constata la situation et par soucis de dominer, ce pays va aider, s'associer à d'autres pays néocoloniaux de l'occident chrétien, pour financer les deux autres mouvements indépendantistes sur le terrain, à savoir, le FNLA et l'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola).
Les Etats-Unis, la Belgique et la France, par Mobutu interposé, vont fournir la logistique, armes et argent, à ces deux mouvements fantôches, du point de vue du MPLA. Le président du FNLA, Holden Roberto, se voit déjà redorer le blason, en tant que leader du front anti-communiste en Afrique. Ce qui était dans l'air du temps propagandiste de ces deux puissances mondiales, l'Union Soviétique et les Etats-Unis. C'était l'époque où, pour les Africains, il fallait choisir le camp à cette heure de la guerre froide.
Pendant ce temps, l'UNITA se présentait comme une force intermédiaire pro-occidentale, force intermédiaire et de maintient de paix. Que l'on ne s'y trompe pas, son leader charismatique Jonas Savimbi avait ses propres ambitions.
Ce qui ne va pas tarder à se manifester comme on le saura plus tard.
Pour cela, l'organisation de Jonas Savimbi prend contact avec le pouvoir des anciens colons portugais, et de la droite militaire portugaise encore présente en Angola. Et, il sera récompensé. Des documents historiques existent de cette époque. (On peut le lire dans certains livres).
Quant au MPLA d'Agostinho Neto, il fallait se battre sur tous les fronts. D'où, l'appel des 'Soviétiques' et des Cubains.
C'est une épisode remplie. On sait aujourd'hui ce qui s'est passé. Les combattants de Fidel Castro ont été efficaces sur tous les terrains d'affrontements en Angola (Rappellez-vous des batailles de Quifangondo et Cuito Cuanavale).
Les Cubains et les armes soviétiques ont été déterminants pour chasser l'armée de Mobutu qui épaulait le FNLA de Holden Roberto, ainsi que l'armée sud-africaine qui combattait aux côtés des forces de l'UNITA de Jonas Savimbi.
D'ailleurs, dès le 25 avril 1974, avec la 'Révolution des Oeillets' au Portugal, le MPLA savait de quoi s'en tenir sur le plan politico-militaire. Après ces luttes très âpres, on est arrivé à la signature des Accords d'Alvor, au Portugal, le 15 janvier 1975. Aux termes de ces accords conclus entre gouvernement portugais et les trois mouvements indépendantistes angolais, l'indépendance interviendra le 11 novembre 1975.
Pour aller plus vite, disons que malgré cette libération nationale, le paix n'a pas connu la paix que l'on imaginait. En quittant l'Angola, les portugais ont laissé des traces, Leurs traces. Sur tous les plans. Il nous faudra aujourd'hui composer avec tout cela. Malgré nous. On continue de subir certains rélents néocoloniaux.
Nous savons tous que c'est toujours le vainqueur qui écrit et réécrit l'hstoire. Le vaincu n'a plus de crédibilité ni des moyens pour contredire certains faits, certaines vérités. En ce qui concerne l'Angola, le vaincu d'hier a dévoilé ses faiblesses. Le MPLA est sorti victorieux. Il est le vainqueur. Il a aujourd'hui, le pouvoir, la force, les moyens d'appliquer sa polique. En plus de la légitimité internationale. En tout cas vis-a-vis de ses adversaires. Face au Portugal, c'est toute une autre histoire.
Aujourd'hui le pays entame son 39ème année de son indépendance. Il y a beaucoup à dire. Au vu de ce que nous trouvons sur place. Raison de notre présence en Angola pour constater le chemin parcouru. Le pays a fait des progrès dans beaucoup de somaines. Inutile de rentrer dans les discours traditionnels inintéressants. Nous savons que c'est facile de porter des critiques qui ne changeront rien dans l'immédiat. Nous avons choisi d'être objectifs.
L'Angola se porte mieux aujourd'hui qu'hier. Et le pays entamme une nouvelle page de son histoire. L'année prochaine, l'Angola aura quarante ans. Quel bel âge pour faire son bilan !
Au delà des querelles stériles que nous relèvons, force est de constater que le pays s'en fort merveilleusement bien, malgré certains abus et dérapages. Qui peut prétendre que tout est parfait ? Non, il y a des choses à faire encore pour ce pays.
Il faudrait enrayer la pauvreté dans le pays, c'est vrai. Mais tout ne peut se faire en un jour. L'important, c'est l'urgence : Il faudrait développer la classe moyenne en Angola afin de réduire les inégalités sociales entre les plus riches et les plus pauvres. Le pays a les moyens. On ne peut pas tolérer de voir nos dirigeants aller se faire soigner ailleurs dans les plus sophisiqués des hôpitaux alors même que la majorité continue d'aller dans ces 'dispensaires-mouroirs' de campagnes, sous équipés. C'est inacceptables que les militaires s'enrichissent et profitent du système alors même qu'ils devraient se contenter d'assurer la défense du pays. Que dire de ces politiciens qui font du shoppings lors de leurs 'missions', 'conférences', et autres déplacements au Portugal, en Europe, aux Etats-Unis, au Brésil, etc.
Les critiques ne sont pas forcément fondées lorsqu'elles pointent l'enrichissement des famiiles des gens du pouvoir, qui favorise les écarts sociaux. Que dire de l'éducation ? santé ? économie ? Tous les Angolais devraient bénéficier et avoir un pouvoir d'achat d'un pays qui se définisse 'riche'. Mieux intégrer nos citoyens ayant longtemps vécus en éxils, ne parlant pas la langue portugaise ! Oui, il faut encore des efforts d'intégration et d'insértion. La solidarité doit jouer dans tous les cas.
Ayant eu la chance de parcourir le pays, découvert les provinces, observer la vie des gens en Angola, nous sommes habilité de le dire haut et fort, qu'il y a encore des choses à faire dans ce pays. Nous avons dit que nous ne voulons pas entrer dans des polémiques inutiles qui ne satisfassent que les 'ennemis de l'Angola et de l'Afrique. Laissons-les voir des 'dictateurs' partout où le progrès fait des miracles. Soutenons plutôt des efforts des pays qui émergent comme l'Angola, le NIgéria ou l'Afrique du Sud. Sans oublier tous les autres pays d'Afrique qui s'y essayent.
C'est porquoi nous disons en ce jour du 11 novembre, que vive l'Angola libre !
http://lusophonie.tv.free.fr/ ; http://www.portalangop.co.ao/angola/fr_fr/portal/multimedia/tv-angop/2014/10/45/Nouvelle-Nationale-Une,42adaeb2-986b-47a6-923e-f5eacc3501c0.html.
Angola, le 11 novembre 2014.