Le Danemark entérine ce mardi sa réforme controversée du droit des étrangers qui vise à décourager les candidats à l'asile de tenter leur chance dans le pays.
Le projet de loi sur l'immigration qui doit être adopté ce mardi 26 janvier par le Parlement danois a pour but avoué de dissuader les candidats à l'asile tentés par ce pays. Il contient des dispositions dénoncées par les défenseurs des droits de l'Homme, comme la possibilité de confisquer les objets de valeur aux migrants. Pour le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), cette disposition nourrit "la peur et la xénophobie".
La police pourra fouiller les bagages afin de saisir l'argent liquide au-delà de 10.000 couronnes (1.340 euros) et les objets valant plus que cette somme. Sont exemptés les objets à forte valeur sentimentale comme les alliances. Le seuil, de 3.000 couronnes dans le projet de loi initial en décembre, a été relevé après des négociations entre le gouvernement libéral et l'opposition de gauche.
Le projet a suscité dans la presse étrangère des comparaisons avec la saisie des biens des juifs par l'Allemagne nazie. Mais pour le gouvernement, ceux qui demandent l'aide du Danemark doivent contribuer s'ils en ont les moyens.
Le Premier ministre libéral Lars Løkke Rasmussen, dont le gouvernement minoritaire est soutenu par les anti-immigrations du Parti populaire danois, assume pleinement la paternité de ce qu'il qualifie de "projet de loi le plus mal compris de l'histoire du Danemark".
Tancé par les Nations unies, l'Union européenne, l'OSCE et les organisations humanitaires, il maintient le cap, fort du soutien de son opinion publique: selon les sondages, l'immigration est la préoccupation n°1 de 70% des Danois.
Selon "Le Monde", le pays est pourtant moins débordé que son voisin suédois, qui a vu arriver 163.000 migrants en 2015 contre 21.000 demandeurs d'asile au Danemark.
L'argent récolté sera loin de financer le séjour des demandeurs d'asile. Le Parti populaire danois, formation anti-immigration qui soutient le gouvernement, évoque un autre objectif :
La Suisse confisque aux demandeurs d'asile depuis les années 1990 le liquide au-delà de 1.000 francs (un peu plus de 900 euros), mais pas les biens.
Si l'indignation des médias étrangers a surtout porté sur la confiscation des biens, les organisations internationales se sont alarmées des restrictions imposées aux conditions de séjour et au regroupement familial.
Car les demandeurs d'asile bénéficiant d'une protection moindre, à savoir ceux qui fuient la violence en général plutôt qu'une menace qui pèse sur leur personne en particulier, devront patienter trois ans avant de demander un regroupement familial. L'examen de la demande peut durer ensuite plusieurs années.
Ce temps d'attente contrevient selon les défenseurs des droits de l'Homme à plusieurs textes ratifiés par le Danemark : Convention européenne des droits de l'Homme, Convention internationale des droits de l'enfant, Convention de l'ONU relative au statut des réfugiés.
Selon l'organisation, ces migrants vont être confrontés à "un choix impossible". "Soit ils vont entreprendre avec leurs enfants et leurs proches des voyages périlleux, soit ils vont les laisser sur place et connaître une séparation prolongée tandis que les membres de leur famille continuent à souffrir des horreurs de la guerre", estime Gauri van Gulik, directrice adjointe pour l'Europe.
Les réfugiés devront payer le coût du transport de leur famille.
Les permis de résidence seront raccourcis de cinq à deux ans, pour ceux qui bénéficient d'une protection plus élevée, à savoir pour des persécutions en raison de leur race, nationalité, religions, opinions politiques ou appartenance à un groupe social.
Des frais de dossier de 3.700 couronnes (environ 500 euros) seront introduits pour les demandes de permis de résidence permanents. Le demandeur devra avoir occupé un emploi lors de 2,5 des trois dernières années, contre trois des cinq dernières années auparavant. Le niveau exigé en danois sera relevé.
La sélection de 500 réfugiés de l'ONU sera fondée sur leur "potentiel d'intégration", avec des critères tels que les compétences linguistiques, la formation, l'expérience professionnelle, l'âge et la motivation. Ces critères, introduits pour la première fois en 2005, avaient été supprimés. (source : L'Obs)
Et, en Suède, le centre de la capitale a été le théâtre d'agressions de migrants de la part d'hommes appartenant à la nébuleuse néo-nazie.
Plusieurs dizaines d'hommes masqués, présumés liés au milieu des hooligans et à la nébuleuse néo-nazie, ont convergé vendredi soir vers le centre de Stockholm pour agresser des migrants, a indiqué samedi la police suédoise.
Aucune plainte de victimes potentielles n'avait été déposée samedi à la mi-journée, a précisé à l'AFP une porte-parole de la police de Stockholm, Towe Hägg.
Entre 50 et 100 personnes, masquées ou encagoulées, s'étaient donné rendez-vous vendredi en début de soirée à Sergels Torg, une grande place piétonne de la capitale suédoise où se croisent jeunes, marginaux et migrants mineurs non accompagnés.
D'après des témoins interrogés par le quotidien Aftonbladet, les agresseurs ont molesté «des personnes d'apparence étrangère» et distribué un tract non signé appelant à infliger aux «enfants des rues nord-africains le châtiment qu'ils méritent».
«Je passais, j'ai vu un groupe habillé en noir, masqué (...) qui a commencé à frapper des étrangers», a raconté un témoin. «J'ai vu trois personnes molestées».
Informées d'un «projet d'agression de migrants mineurs non accompagnés dans le centre de Stockholm», les autorités avaient déployé d'importants moyens avec la présence au sol d'unités anti-émeutes et le survol du centre par des hélicoptères.
Un homme de 46 ans a été arrêté après avoir porté un coup au visage à un policier en civil. Trois personnes âgées d'une vingtaine et d'une trentaine d'années ont été interpellées pour trouble à l'ordre public puis relâchées. Une autre, porteuse d'un couteau, sera poursuivie pour port d'arme prohibé.
Une enquête pour «association en vue de commettre des violences agravées» doit permettre d'identifier les personnes ou les organisations à l'initiative des violences.
Le site internet Nordfront, vitrine du mouvement néo-nazi SMR, affirmait vendredi soir tenir de «sources sur place» qu'une «centaine de hooligans» des clubs AIK et Djurgården s'apprêtaient à «faire le ménage parmi les criminels immigrés d'Afrique du nord».
Les sources policières citées par le quotidien Aftonbladet confirment les soupçons pesant sur ces groupes radicaux.
En 2015, 163.000 réfugiés ont déposé une demande d'asile en Suède. Le ministre de l'Intérieur Anders Ygeman a annoncé mercredi que le pays entend expulser près de la moitié de ces migrants, dont la demande d'asile a été ou sera rejetée.